Le paysage politique gabonais se précise à l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Sur les 23 dossiers déposés, seuls quatre candidats ont été retenus par la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections. Parmi eux, sans surprise, le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema, qui s’apprête à solliciter un mandat électif après avoir dirigé le pays depuis le coup d’État d’août 2023.
À ses côtés, trois adversaires tenteront de lui disputer la magistrature suprême :
- Alain Claude Billie By Nze, ancien Premier ministre sous Ali Bongo,
- Joseph La Pensée Essingone,
- Stéphane Germain Iloko Boussiengui.
Une sélection qui fait grincer des dents
Si le processus électoral suit son cours, il est loin de faire l’unanimité. 19 prétendants ont été recalés, certains pour des motifs administratifs, d’autres en raison de la nouvelle limite d’âge fixée à 70 ans.
C’est notamment le cas de Pierre Claver Maganga Moussavou, ancien Vice-Président du Gabon, écarté du scrutin. À 72 ans, il n’a pas caché son indignation face à cette exclusion :
« Écarter un candidat expérimenté, bien formé, pour des critères d’âge, c’est tout simplement vil. Et celui qui accepte cela accepte de mourir. Moi, je n’accepte pas de mourir», rapporte mediaguinee.com
Le ton est donné : pour l’opposant, cette règle vise à éliminer certains profils gênants.
Autre figure évincée, Jean Rémi Yama, syndicaliste récemment reconverti en politique. Son dossier a été rejeté pour défaut d’acte d’état civil, une raison qu’il conteste fermement :
« Notre dossier n’a pas d’éléments manquants qui justifieraient son rejet. Ce n’est pas à cause d’un simple document de mairie qu’on doit être exclu. »
Les femmes également mises à l’écart
Parmi les recalés, quatre femmes qui s’étaient engagées dans la course pour la première fois. Marlène Essola Nfountame, l’une d’elles, déplore des délais administratifs trop courts, empêchant certains candidats d’obtenir leurs documents dans les temps :
« Certaines administrations nous ont demandé de revenir après la date limite pour récupérer nos documents signés. Comment peut-on parler de transparence dans ces conditions ? »
Une liste définitive encore incertaine
Si le ministère de l’Intérieur a publié cette liste provisoire, rien n’est encore figé. Les candidats recalés disposent de 72 heures pour déposer un recours devant la Cour constitutionnelle.
D’ici là, une question persiste : le processus électoral est-il réellement inclusif ou taillé sur mesure pour assurer la victoire d’Oligui Nguema ? Le président de la transition, qui s’est longtemps positionné comme un garant de la neutralité, semble désormais maître du jeu électoral.
Reste à voir si les appels des recalés seront entendus, ou si le Gabon se dirige vers une élection où l’issue est déjà écrite d’avance.
Laguinee.info