Après plus de deux ans de blocage, le gouvernement malien annonce la levée partielle de la suspension des permis miniers à partir du 15 mars 2025. Une décision qui marque un tournant dans la réforme du secteur minier, engagé depuis décembre 2022 pour maximiser les bénéfices nationaux. Mais cette réouverture partielle, assortie de restrictions, soulève des questions sur l’attractivité du Mali pour les investisseurs étrangers.
Un secteur sous contrôle renforcé
En août 2023, Bamako avait adopté un nouveau code minier, modifiant en profondeur les règles du jeu. Désormais, l’État peut détenir jusqu’à 30 % des projets miniers, dont 10 % sans frais, tandis que les entreprises maliennes doivent obligatoirement posséder au moins 5 % des parts. Le gouvernement impose également la priorité à la main-d’œuvre et aux fournisseurs locaux, un coup de frein aux pratiques d’exploitation étrangères jugées trop peu profitables pour le pays.
Cette levée partielle de la suspension ne signifie pas un retour à la normale : seules les demandes de renouvellement et de transfert des permis d’exploitation sont désormais étudiées, tout comme les passages de la phase de recherche à celle d’exploitation. En revanche, l’attribution de nouveaux permis et le transfert des permis de recherche restent gelés.
Un pari risqué pour l’investissement
Le Mali, troisième producteur d’or d’Afrique, peine pourtant à attirer des investissements miniers depuis plus d’une décennie. La montée en puissance des exigences étatiques et la restriction des marges de manœuvre pour les entreprises étrangères pourraient freiner les ardeurs des investisseurs, déjà échaudés par l’instabilité politique et sécuritaire du pays.
L’interdiction récente de l’exploitation minière artisanale par des entreprises étrangères, après une série d’accidents mortels, s’inscrit également dans cette logique de contrôle accru. Mais entre volonté de souveraineté économique et nécessité d’attirer des capitaux, Bamako marche sur un fil.
Cette levée partielle suffira-t-elle à redonner confiance aux opérateurs du secteur ? Ou marquera-t-elle au contraire le début d’un désengagement progressif des investisseurs au profit de destinations plus permissives ? L’avenir du secteur minier malien se joue désormais entre souveraineté et pragmatisme économique.
Laguinee.info