Loin des regards heureux et de l’ambiance festive qui accompagne habituellement une naissance, Mariame Diallo a accueilli son premier enfant dans la solitude et l’incertitude. Son époux, Habib Marouane Camara, journaliste disparu depuis plusieurs mois, n’a pas pu être présent pour cet événement crucial. Une absence qui pèse lourdement sur cette jeune mère, contrainte de traverser sa grossesse et son accouchement sans le soutien de son mari.
Un accouchement en solitaire
« Vous pouvez déjà imaginer une femme qui vient d’accoucher, mais qui était obligée de prendre sa voiture et de rentrer avec ma maman qui tenait le bébé », confie Mariame Diallo, la voix empreinte de douleur et de résilience. Seule, elle a effectué ses consultations prénatales, seule, elle a supporté les angoisses d’une grossesse marquée par l’incertitude, et seule, elle s’est rendue à la clinique le jour de l’accouchement.
« Le jour J, après l’accouchement, je suis restée hospitalisée jusqu’au lendemain. Le médecin a confirmé que tout allait bien, alors je suis rentrée… encore seule », poursuit-elle. Une épreuve qui illustre la violence psychologique d’une disparition inexpliquée, rendant chaque étape de la vie familiale plus pesante.
Une douleur double : porter un enfant et une absence
Mariame Diallo décrit son calvaire avec émotion : « Je portais deux fardeaux en même temps : la grossesse et la disparition de mon mari, sans pour autant savoir où il est. » Chaque instant de cette période aurait dû être partagé avec Habib Marouane Camara. Mais à la place, elle a dû composer avec le vide, l’angoisse et l’incompréhension.
« Une femme enceinte a besoin de soutien, d’attention. Moi, je l’ai vécu sans pouvoir en profiter. L’absence de mon mari a beaucoup joué sur mon état de grossesse. À l’idée de savoir qu’il est porté disparu, que je suis seule, cela a été une période très difficile », confie-t-elle, la voix brisée par l’émotion.
Un baptême dans l’ombre de l’incertitude
Le baptême de leur petite fille s’est déroulé sans la présence du père. Un moment censé être heureux, mais terni par l’absence inexpliquée d’Habib Marouane Camara. « C’est un moment de bonheur, comme un calme après la tempête. Mais il manque quelque chose… Il manque son père. J’aimerais tant qu’elle puisse le voir avec ses petits yeux », confie Mariame.
Aucune avancée sur la disparition du journaliste
Depuis son enlèvement à Lambanyi, aucune information concrète n’a filtré sur le sort du journaliste. « Je n’ai aucune nouvelle, malgré quelques informations que je prends avec des pincettes. Je n’ai aucune preuve, donc pour moi, je n’ai toujours aucune nouvelle concrète », affirme-t-elle.
Les autorités judiciaires, sollicitées dès les premiers jours, restent silencieuses. « J’ai fait les démarches au début, commissariats, juridictions… mais tout s’est arrêté là. On me dit toujours qu’ils vont voir, qu’ils enquêtent, mais il n’y a aucun retour », regrette Mariame. Même son avocat, Maître Béa, se trouve dans l’impasse. « Ils n’ont pas d’informations, tout comme moi. C’est le statu quo », explique-t-elle, impuissante face à l’immobilisme des autorités.
Le soutien indéfectible de la presse
Dans cette épreuve, Mariame Diallo a trouvé du réconfort auprès de la presse, qui n’a cessé de lui témoigner son soutien. « Ils n’ont pas été absents, ils ont été d’une grande aide. Je les remercie du fond du cœur », dit-elle avec gratitude.
Aujourd’hui, son combat continue. Forte de la présence de sa fille, Mariame Diallo refuse d’abandonner. « Avec le réconfort de ceux qui m’entourent, je vais de l’avant. Mais mon combat reste le même : retrouver mon mari, savoir ce qui lui est arrivé, et obtenir justice. »
Un cri du cœur qui ne doit pas rester sans réponse.