lundi, mars 10, 2025
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Disparitions en Guinée : le Premier ministre fait un aveu

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Le gouvernement guinéen a surpris en reconnaissant que les disparitions et enlèvements récurrents dans le pays ne servent pas ses intérêts. Une déclaration qui, plutôt que de rassurer, soulève davantage de questions sur la gestion de ces affaires sensibles.

C’est par la voix du Premier ministre Amadou Oury Bah que l’exécutif s’est exprimé sur le sujet. « Je dois dire que tout ce qui s’est passé depuis juillet 2024 avec la disparition de Foniké Mengué et de Billo, c’est quelque chose qui n’a pas servi les intérêts du gouvernement, au contraire », a-t-il affirmé, ajoutant que ces événements ont même pénalisé la Guinée dans ses négociations, notamment pour son retour dans l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Le chef du gouvernement, ancien militant des droits humains, a tenu à rappeler son opposition aux arrestations extrajudiciaires. « Tous les actes doivent être encadrés par l’ordre judiciaire », a-t-il plaidé, insistant sur la nécessité d’éviter toute action pouvant compromettre la transition en cours ou ternir l’image du pays.

Des doutes sur une instrumentalisation

Mais au-delà de ce rejet des méthodes extrajudiciaires, Bah Oury n’exclut pas une possible manipulation de ces disparitions. « Nous avons l’expérience de tout ce qui s’est passé durant ces dernières années, pour faire imputer aux autorités des situations qui sont instrumentalisées par ailleurs », a-t-il laissé entendre, tout en appelant à la prudence en attendant les conclusions des enquêtes.

Une sortie qui ne manquera pas de faire réagir, tant elle laisse entendre que le gouvernement pourrait être victime d’un scénario orchestré par des acteurs non identifiés. Faut-il y voir une volonté de se dédouaner ou une véritable inquiétude face à des pratiques échappant au contrôle de l’État ?

Le Premier ministre admet que dans le climat politique guinéen, il existe souvent un décalage entre ce qui se passe sur la scène publique et ce qui se joue en coulisses. Une réalité qui alimente les doutes et les spéculations autour de ces disparitions.

Un pouvoir sans contrôle ?

Plus troublant encore, Bah Oury affirme que « l’État n’a plus le monopole de la violence », une déclaration qui pose une question fondamentale : qui détient réellement le pouvoir d’agir en Guinée ? Si le gouvernement assure ne pas être à l’origine des disparitions, reste à savoir s’il a les moyens de faire la lumière sur ces affaires.

Alors que les enquêtes se poursuivent, cette reconnaissance d’impuissance – ou ce calcul politique – place le régime face à un défi majeur : prouver qu’il contrôle encore la situation et qu’il peut garantir la sécurité des citoyens. Autrement, l’aveu pourrait se transformer en constat d’échec.

Laguinee.info

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