Il était resté muet en première instance. Cette fois, Dr Mohamed Diané parle. Et il ne mâche pas ses mots. Ce jeudi 6 mars 2025, devant la Chambre des Appels de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), l’ancien ministre de la Défense du régime Condé a choisi de se défendre bec et ongles.
Accusé de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux, il rejette tout en bloc et crie à l’injustice. Mais derrière cette plaidoirie enflammée, cherche-t-il à convaincre ou à semer le doute ?
La défense d’un homme acculé
Cinq ans de prison. C’est la sentence qui lui a été infligée en décembre dernier après trois ans de détention préventive. Pour Mohamed Diané, ce verdict est une mascarade. Il ne se contente plus de nier : il attaque.
« Ma présence ici relève d’une quête de justice et du respect des droits fondamentaux. Les accusations portées contre moi ne reposent sur aucune preuve tangible, ni sur une base juridique solide », rapporte Africaguinee.com.
Son principal argument ? Un procès biaisé, truffé d’« irrégularités flagrantes » qui auraient entaché toute la procédure. Selon lui, il s’agit moins d’un jugement que d’un acharnement.
Un demi-million de milliards évaporé ?
L’ancien ministre s’interroge, et il interroge la Cour.
500 000 milliards de francs guinéens détournés ? D’où sort ce chiffre ?
Il affirme qu’aucun montant précis ne lui avait été reproché jusqu’au jour de la plaidoirie, où soudain, ce chiffre astronomique aurait été balancé par l’Agent judiciaire de l’État, sans le moindre document à l’appui.
Diané soulève alors des questions qui résonnent comme des piques :
Comment peut-on condamner quelqu’un sans même savoir ce qu’il a détourné ?
Comment peut-on l’accuser sans preuve matérielle ?
Et surtout, à quoi aurait servi cet argent prétendument volé ?
Justice ou règlement de comptes ?
Diané ne s’arrête pas là. Il accuse ouvertement les autorités actuelles d’avoir passé sous silence des éléments cruciaux à sa défense.
« Contrairement à ceux qui sont aux affaires aujourd’hui, j’ai déclaré mon patrimoine en toute transparence devant la Cour suprême en 2011 et devant la Cour constitutionnelle en 2016. Ces déclarations ont été tout simplement ignorées. Pourquoi ? »
Il voit dans cette omission une volonté manifeste de le condamner, indépendamment des faits.
Un appel au sursaut judiciaire
Face aux juges, Mohamed Diané joue sa dernière carte. Il exhorte la Cour à faire preuve d’« impartialité et de rigueur ». Son discours, pesé au millimètre, sonne autant comme un plaidoyer que comme un avertissement :
« L’histoire jugera, mais aujourd’hui, nous avons l’opportunité de faire ce qui est juste. »
Un cri de défense ou un dernier baroud d’honneur ? La balle est dans le camp de la justice.
Laguinee.info