Le gouvernement guinéen a récemment adopté une législation majeure interdisant la publicité sur les boissons alcoolisées dans les médias. Cette mesure, proposée par le ministère de l’Information et de la Communication (MIC) en collaboration avec l’Office Guinéen de Publicité (OGP), a été approuvée par le Conseil National de la Transition (CNT) et publiée dans le Journal officiel de la République de Guinée. Cette loi marque un tournant dans l’encadrement du secteur de la publicité, en interdisant plusieurs pratiques jusque-là courantes.
Un cadre strict pour les messages publicitaires
La rapporteuse de la Commission Justice, Droit de l’Homme et Information du CNT, Madame Asmaou Barry, a souligné l’importance de cette nouvelle réglementation qui impose désormais un cadre strict sur le contenu des messages publicitaires en Guinée. « Désormais, en République de Guinée, le contenu des messages publicitaires est strictement réglementé. Il y a des matières sur lesquelles il y a des restrictions », a-t-elle expliqué.
L’une des principales dispositions de la loi est l’interdiction de la publicité sur les boissons alcoolisées, une pratique jusque-là largement répandue à travers les médias traditionnels, tels que la radio, la télévision, mais aussi sur les plateformes en ligne. Madame Asmaou Barry a précisé : « Nous avons pris l’exemple sur la publicité sur les boissons alcoolisées, qui est interdite dans les médias, donc radio, télé, site internet. »
Protection des mineurs et de l’image de la femme
Outre l’interdiction de la publicité sur l’alcool, cette loi vise à protéger les mineurs contre les contenus publicitaires qui pourraient être nuisibles à leur développement. Selon Madame Asmaou Barry, l’objectif est de garantir que les enfants, jugés incapables de discernement face à certains messages, ne soient pas exposés à des publicités inappropriées. « Ou alors la publicité qui porte préjudice aux mineurs, aux enfants, parce qu’on estime, puisqu’ils sont mineurs, qu’ils n’ont pas la faculté de faire des choix », a-t-elle ajouté.
La loi introduit également des mesures visant à protéger l’image de la femme dans les publicités. « Très souvent, selon les sujets qu’on aborde, c’est la femme qu’on met en avant dans les publicités. Cette loi entend rectifier cela », a rappelé Madame Asmaou Barry, soulignant la volonté de limiter l’usage stéréotypé de l’image féminine.
Interdiction de la publicité pour les tradipraticiens et les établissements sanitaires
La nouvelle législation va également plus loin en interdisant toute forme de publicité pour les établissements sanitaires, tels que les hôpitaux et cliniques, ainsi que pour les tradipraticiens. Cette mesure vise à éviter la commercialisation excessive de services de santé, une pratique jugée contraire à l’éthique professionnelle. Madame Asmaou Barry a précisé que cette interdiction s’inscrit dans la continuité de celle imposée aux médecins en Guinée, soulignant : « La publicité est interdite pour les établissements sanitaires, donc les cliniques et les hôpitaux. Désormais même les tradipraticiens sont concernés. »
Une première depuis 1958
Jusqu’à aujourd’hui, la Guinée ne disposait d’aucune loi spécifique régissant la publicité. La promulgation de cette loi en 2024 constitue donc une première historique pour le pays. Depuis son indépendance en 1958, la Guinée n’avait pas eu de cadre législatif aussi détaillé pour réglementer le secteur de la publicité. En adoptant cette législation, les autorités guinéennes espèrent assainir le secteur tout en protégeant la population contre les effets négatifs des pratiques publicitaires non encadrées.
Avec cette nouvelle législation, la Guinée fait un pas important vers une réglementation plus stricte du secteur publicitaire, visant à préserver l’éthique et le bien-être des citoyens, tout en assurant un environnement médiatique plus responsable.
IAC, pour laguinee.info