Selon des informations qui nous sont parvenues, des cadres de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, notamment Cellou Baldé et le trésorier du parti Maladho Diallo ont eu un entretien avec le Général Mamadi Doumbouya, chef de la junte au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2021.
Cette rencontre pourrait avoir plusieurs impacts sur le parti dirigé par Cellou Dalein Diallo, notamment dans un contexte où son congrès a été suspendu.
Risque de division
Si ces discussions ont eu lieu sans l’accord explicite de Cellou Dalein Diallo, cela pourrait révéler des fractures internes entre une faction prête à dialoguer avec la junte et une ligne plus ferme défendue par le leadership historique. Cela affaiblirait l’unité du parti, déjà fragilisée par la suspension de son congrès, normalement destiné à réaffirmer sa stratégie et son leadership.
Légitimité de Cellou Dalein Diallo contestée
Le fait que des cadres influents agissent de manière autonome, cela pourrait remettre en cause l’autorité de Cellou Dalein, perçu comme le principal opposant au régime militaire depuis des années. Une telle situation pourrait encourager des rivalités internes, surtout si la junte cherche à instrumentaliser ces divisions.
Le report du congrès de l’UFDG, initialement prévu pour 2023, prive le parti d’une occasion de se restructurer et de clarifier sa position face à la transition militaire. Cette suspension, souvent attribuée à des pressions politiques ou sécurités, affaiblit sa capacité à mobiliser et à répondre aux défis posés par le régime. Les rencontres informelles avec Doumbouya pourraient alors être perçues comme une tentative de contourner cette paralysie, mais au risque de manquer de légitimité collective.
Impact de la suspension du congrès
La suspension du congrès prive l’UFDG d’un cadre formel pour définir sa ligne stratégique. À moyen terme, cela pourrait conduire à une recomposition de l’opposition guinéenne, avec un possible déclin de l’influence de l’UFDG si les divisions persistent.
Pendant que certains cadres voient dans ce dialogue appelé par le président de la transition une opportunité d’influer sur la transition, d’autres peuvent y voir une compromission avec un pouvoir non élu. Historiquement, l’UFDG a oscillé entre boycott et participation sous les régimes précédents (Condé, puis Doumbouya). Un engagement trop visible de certains cadres avec la junte pourrait aliéner une base militante hostile à toute normalisation du régime putschiste.
Mais pour la junte, dialoguer avec des fragments de l’opposition sert à donner une apparence d’inclusivité, notamment face à la communauté internationale. Par contre pour l’UFDG, cela pose un dilemme : participer à une transition contrôlée par l’armée risquerait de délégitimer son combat démocratique, tandis qu’un refus catégorique l’isolerait politiquement. Ce qui aurait pour conséquence, l’affaiblissement de la résistance collective à la transition militaire, permettant à Doumbouya de consolider son pouvoir sans opposition structurée.
D’autres groupes politiques ou figures émergentes pourraient également profiter de cette faiblesse pour occuper l’espace oppositionnel, marginalisant davantage l’UFDG.
La fragmentation de l’UFDG pourrait en fin de compte, compliquer les pressions externes pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Aujourd’hui et plus que jamais, l’enjeu pour Cellou Dalein est de maintenir l’unité de son parti tout en évitant de légitimer une junte qui, jusqu’ici, a montré peu d’ouverture démocratique.
Laguinee.info