C’est une déclaration au ton grave et indigné que le Barreau de Guinée a rendue publique ce lundi. Face à l’enlèvement et aux sévices infligés à l’activiste de la société civile Abdoul Sacko, l’institution des avocats guinéens dénonce une escalade inquiétante des atteintes aux droits humains et pointe du doigt l’inaction des autorités.
Un enlèvement suivi de tortures
L’affaire Abdoul Sacko soulève une onde de choc dans le pays. Enlevé, puis soumis à des traitements inhumains et dégradants avant d’être abandonné, laissé pour mort en pleine brousse, l’activiste a vécu un véritable calvaire. Ce récit glaçant ne laisse place à aucun doute sur la gravité des faits et sur le climat de terreur qui semble s’installer en Guinée.
« Le Barreau de Guinée ne peut fermer les yeux sur les violations répétées des droits de l’Homme et le climat de terreur qui s’installe progressivement dans le pays », alerte le communiqué.
Mais ce qui choque encore davantage, c’est le silence assourdissant des autorités judiciaires et politiques. Pas une seule communication officielle, aucune annonce d’enquête. Un mutisme qui, selon le Barreau, ne fait qu’aggraver « l’indignation et l’inquiétude légitimes des citoyens et des organisations de défense des droits humains ».
Un État démissionnaire ?
Dans sa déclaration, le Barreau de Guinée ne mâche pas ses mots : il accuse l’État de manquer à son devoir régalien de protection des citoyens et de garantie de la sécurité publique.
« Laisser perdurer une telle situation sans réagir constitue un renoncement à cette mission régalienne », assène l’institution.
Ce n’est pas la première fois que des activistes sont victimes d’enlèvements ou de disparitions forcées dans le pays. Le cas d’Abdoul Sacko vient allonger une liste déjà bien trop longue, où figurent notamment :
- Oumar Sylla, alias « Foniké Manguè »
- Mamadou Billo Bah
- Sadou Nimaga
- Habib Marouane Camara
Des figures de la société civile dont le sort reste incertain, dans une Guinée où la voix des contestataires est de plus en plus étouffée.
Le Barreau exige des comptes
Face à cette situation alarmante, le Barreau de Guinée exige des mesures immédiates. Il interpelle directement les autorités judiciaires, en particulier le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Dixinn, pour qu’une enquête sérieuse soit menée et que les auteurs de cet acte « odieux » soient identifiés et punis.
L’organisation des avocats exhorte également le gouvernement à garantir la sécurité d’Abdoul Sacko, toujours en danger après son calvaire.
Un test pour la justice guinéenne
Le sort réservé à cette affaire en dira long sur l’état de la justice en Guinée. Le Barreau, en prenant position avec autant de fermeté, place les autorités devant leurs responsabilités.
Reste à voir si cette déclaration fera bouger les lignes ou si, une fois de plus, l’impunité l’emportera sur la justice.
Laguinee.info