Ce devait être une prestation festive, un moment de communion entre l’artiste et son public lors de l’intronisation du Kountiguigbé de la Basse-Guinée. Mais Abdoulaye Kôrôfé Camara, l’interprète du célèbre « Yamassa », a vu son micro coupé net après une sortie politique inattendue.
Face à une foule nombreuse et enthousiaste, l’artiste a dévié du simple registre musical pour adresser un message directement au président de la transition, Mamadi Doumbouya. Son plaidoyer ? La libération de l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.
Dans un élan mêlant respect et insistance, il a déclaré :
« Que Dieu protège le président de la transition, Mamadi Doumbouya, et qu’il lui accorde la santé. Mais seulement, dites au président Doumbouya que s’il ne libère pas Kassory Fofana, Abdoulaye Kôrôfé ne sera pas libre. Je veux chanter pour lui, mais qu’il libère Kassory Fofana ! », rapporte Mediaguinee.com.
Un message qui a manifestement mis mal à l’aise les organisateurs. Quelques instants plus tard, la coupure du micro a scellé la fin abrupte de sa prestation.
Un geste qui interpelle
L’interruption brutale de l’artiste pose une question : la scène artistique peut-elle être un espace d’expression politique ? En prenant position de manière aussi directe, Abdoulaye Kôrôfé a démontré qu’il ne se contentait pas de chanter pour distraire. Son engagement pour Kassory Fofana, ex-chef du gouvernement sous Alpha Condé, actuellement incarcéré pour des affaires de détournement présumé, vient rappeler que les tensions politiques continuent de hanter la transition guinéenne.
Reste à savoir si ce cri du cœur trouvera écho auprès des autorités. En attendant, une chose est certaine : le micro s’est peut-être tu, mais le message, lui, continue de résonner.
Laguinee.info