C’est une immersion gouvernementale qui risque de marquer les esprits. En déplacement à Guéckédou, le Premier ministre Bah Oury n’a pas mâché ses mots. Devant une population qui attend toujours la reconstruction de leur ville, il a lâché une bombe : les fonds pour ces travaux ont été mobilisés… depuis 2008 !
Où est passé l’argent ?
« Notre pays est malade d’une seule chose », a martelé le chef du gouvernement, avant de pointer du doigt une réalité aussi choquante que persistante : les financements arrivent, des projets sont annoncés… puis plus rien. « Les projets disparaissent comme par enchantement », a-t-il dénoncé, accusant une gestion défaillante et opaque.
Plus accablant encore, Bah Oury a mis en lumière une déconnexion totale entre les décisions prises à Conakry et leur application sur le terrain. « Les administrateurs locaux et les élus ne sont souvent même pas informés des détails des projets censés bénéficier à leur propre localité », a-t-il regretté. Un fossé qui explique, selon lui, l’inefficacité de l’action publique.
Des entreprises fantômes, une population impuissante
Autre révélation troublante : certaines entreprises censées exécuter les travaux disparaissent après avoir obtenu les contrats. Conséquence ? Des projets laissés à l’abandon, sans suivi, et des populations condamnées à attendre… indéfiniment.
« La population se retrouve dans l’impossibilité d’intervenir ou de surveiller les projets », a constaté le Premier ministre, appelant à un changement radical dans la gestion des fonds publics. Reste à voir si cette prise de conscience se traduira par des actes concrets ou si, une fois de plus, les promesses de réforme disparaîtront elles aussi sans laisser de trace.
Laguinee.info