L’ancien Directeur Administratif et Financier (DAF) du ministère de l’Éducation nationale, Mohamed V. Sankhon, est accusé de détournement de fonds publics dans le cadre de plusieurs projets. Lors de son audition devant la Cour, il a contesté les accusations portées contre lui, tout en remettant en question le rapport d’inspection ayant conduit à son inculpation.
Les montants en question
L’affaire porte sur deux volets financiers :
Un montant de 2 milliards 560 millions de GNF, lié à des acquisitions.
Une somme de 6 milliards de GNF, consacrée aux travaux de construction et de rénovation, notamment du lycée de Bantignel.
Ces montants, liés aux factures numérotées 1 et 2, figurent dans le dossier soumis à la Cour. Mohamed V. Sankhon a affirmé : « Tout est versé dans le dossier, monsieur le président. »
Une remise en cause des conclusions de l’inspection
M. Sankhon a exprimé son étonnement face aux conclusions du rapport d’inspection. Selon lui, les fournitures ont été validées par une commission interministérielle composée de cadres de l’administration des grands projets, du ministère de tutelle, de la direction des contrôles des marchandises, du marché public et d’un représentant du fournisseur.
« Je voudrais qu’il y ait une confrontation entre nous et les inspecteurs qui ont travaillé sur ce dossier parce que ça m’étonnerait qu’il y ait une commission interministérielle qui a reçu les fournitures. […] Quand on nous parle qu’il y a eu des écarts, ce n’est pas possible. »
L’ancien DAF a également dénoncé une démarche qu’il juge partiale : « Ce qui est très grave dans le rapport là, c’est le fait qu’ils n’ont pas accepté que les intéressés viennent leur expliquer chacun sa gestion. On ne peut pas accuser des gens comme cela. »
Rejet des accusations de détournement
L’accusé a fermement contesté les accusations selon lesquelles il aurait détourné 12 millions de dollars et 612 milliards de GNF. Il a rappelé qu’il n’était pas en fonction au ministère à l’époque de certains faits mentionnés dans le dossier.
« Quand vous lisez l’ordonnance de l’envoi devant votre cour, on me colle avec Dr Ibrahima, qui a été ministre en 2016, alors que moi je n’étais même pas là-bas. On m’a accusé d’avoir pris 12 millions de dollars. Où est-ce que je vais prendre cela ? Je n’étais même pas au département à l’époque. 612 milliards, où est-ce que je vais prendre ? »
Il a également précisé que les budgets qu’il a effectivement gérés étaient limités et justifiables : « Quand vous faites la somme du budget que j’ai géré au ministère de l’Éducation, cela ne dépasse pas cent milliards. Et puis c’est justifiable. Parfois, ça fait mal. »
Une transparence sur son patrimoine
Interrogé sur ses biens, Mohamed V. Sankhon a détaillé son patrimoine et les sources de son revenu :
« Je suis un fonctionnaire, un commis de l’État. Je me contente de mon salaire. Peut-être sauf ma femme que j’ai épousée personnellement. J’ai une seule maison que j’ai habitée et qui m’a été construite par mon père depuis 2006 à Enta Fassa sur un terrain de 700 m² qu’il avait acheté à 50 millions de francs. Mon père a sa plantation de 50 hectares où on cultive l’ananas, les palmiers, et puis il a trois maisons à Freetown. Je vous ai envoyé les preuves par rapport à cela. »
Concernant les véhicules, il a expliqué qu’ils lui avaient été envoyés par ses frères résidant à l’étranger : « Je n’ai aucun parc automobile. Je l’ai expliqué à l’instruction, mes frères qui sont en Europe et aux USA de façon sporadique m’envoyaient des véhicules. Quand même, j’étais à l’université, je revendais déjà des véhicules. »
Un préjudice moral dénoncé
Mohamed V. Sankhon a conclu son intervention en déplorant les répercussions de cette affaire sur son image et celle de sa famille :
« Ce n’est pas le fait que nous soyons devant la Cour qui fait mal, mais c’est notre image et celle de nos familles qui sont ternies. C’est anormal. »
Une affaire à suivre…
Laguinee.info