Habib Marouane Camara, administrateur général du site d’information Le Révélateur 224 et critique de la junte au pouvoir en Guinée, a été violemment interpellé par des gendarmes lourdement armés le 3 décembre. Depuis, il reste introuvable, détenu dans un lieu inconnu. Cette disparition suscite une vive indignation, notamment de la part de Reporters sans frontières (RSF), qui dénonce un « enlèvement » et appelle à sa libération immédiate.
Une arrestation musclée dans des conditions troublantes
Selon le site Le Révélateur 224, Habib Marouane Camara a été arrêté à Lambanyi, une commune de Conakry, alors qu’il se rendait chez l’homme d’affaires Kerfalla Person Camara (KPC). Son véhicule a été intercepté par un pick-up de gendarmerie, des hommes armés ont brisé son pare-brise, l’ont extirpé de force et emmené vers une destination inconnue. Sa femme, Mariama Lamarana Diallo Camara, a rapporté avoir perdu contact avec lui à 20h05, quelques minutes avant l’interpellation.
Le collectif d’avocats du journaliste qualifie cet acte de « kidnapping », soulignant l’absence de mandat ou de convocation préalable. Cette arrestation survient dans un contexte de pressions accrues sur les médias en Guinée, marquées par le retrait arbitraire en juin des licences de plusieurs médias critiques envers le régime.
Des menaces ignorées
Quelques jours avant son arrestation, Habib Marouane Camara avait signalé des menaces d’enlèvement. Des appels anonymes avaient même été passés à ses proches, leur demandant sa localisation. Malgré ces signaux inquiétants, aucune mesure préventive n’a été prise par les autorités.
Contacté par RSF, le ministre de l’Information, Fana Soumah, s’est contenté d’affirmer qu’il n’avait « aucune information pour le moment » et a demandé de « patienter ». Cette réponse évasive contraste avec les condamnations fermes exprimées par le Syndicat des professionnels de la presse en Guinée (SPPG) et d’autres organisations.
Liberté de la presse en péril
L’arrestation de Habib Marouane Camara intervient quelques heures après la libération du journaliste Bakary Gamalo Bamba, directeur du journal Le Baobab, détenu depuis octobre. Ces événements récents reflètent une tendance inquiétante : la répression systématique des journalistes en Guinée.
RSF, par la voix de Sadibou Marong, directeur Afrique subsaharienne, dénonce « une atteinte grave à la liberté de la presse ». « Aucun journaliste ne devrait être arrêté, encore moins avec violence, pour avoir exercé son métier », martèle-t-il.
En dépit des déclarations du Premier ministre Amadou Oury Bah sur la préservation de la liberté de la presse, les faits contredisent les promesses gouvernementales. Avec des médias fermés, des journalistes intimidés et arrêtés, la Guinée s’éloigne dangereusement des principes démocratiques qu’elle prétend défendre.
Un appel à la mobilisation
La détention secrète de Habib Marouane Camara soulève une question cruciale : la liberté d’informer a-t-elle encore sa place en Guinée ? Alors que le flou persiste sur son sort, RSF, le SPPG et d’autres organisations appellent à une mobilisation immédiate pour exiger des réponses claires et la libération de tous les journalistes injustement détenus. La voix de la presse ne peut être réduite au silence, même sous la menace.
Laguinee.info