Le Grand Conakry, qui englobe la capitale guinéenne et ses zones périphériques, connaît une urbanisation rapide. La ville, initialement conçue pour environ 300 000 habitants à l’indépendance en 1958, abrite aujourd’hui plus de 2 millions d’habitants. Cette croissance démographique accélérée est alimentée par l’exode rural, le développement économique et l’attraction qu’exerce la capitale sur les populations en quête d’opportunités.
Cependant, cette urbanisation s’accompagne de nombreux défis, notamment l’extension anarchique des quartiers, l’absence d’un aménagement urbain cohérent et l’insuffisance des infrastructures de base et ce, malgré les nombreuses réformes engagées par les autorités de la transition.
Le manque d’infrastructures de qualité, la congestion urbaine, l’impact environnemental du phénomène et la gestion efficiente des déchets sont entre autres des principaux défis de l’urbanisation dont est confronté de nos jours le Grand Conakry.
L’habitat informel et le manque d’infrastructures
Près de 60 % des habitants du Grand Conakry vivent dans des quartiers précaires sans accès à des services essentiels comme l’eau potable, «l’électricité » ou un système d’assainissement efficace. L’urbanisation spontanée empêche la mise en place de routes et de réseaux d’égouts adaptés, ce qui aggrave les inondations en saison des pluies. Ce fut notamment le cas l’an dernier à Coyah et dans plusieurs quartiers de Conakry provoquant parfois des cas de mort d’hommes.
La congestion urbaine et les problèmes de transport
A l’image de beaucoup d’autres capitale du sud du Sahara, Conakry souffre d’embouteillages chroniques, principalement dus à l’étroitesse de la péninsule, au manque de transports publics efficaces et à l’absence d’un réseau routier structuré. La majorité des déplacements se fait en taxi ou en minibus sur des routes souvent dégradées.
Depuis son avènement le 5 septembre 2021, le CNRD avec à sa tête, le Général Mamadi Doumbouya, s’est donné pour cheval de batail, le rétablissement du réseau routier de la capital. Plusieurs routes secondaires sont en cours de réhabilitation pour résorber le problème d’embouteillage qui se pose avec acuité. Si ces investissements sont à saluer, il faut toutefois reconnaitre qu’il y a encore du chemin à parcourir.
L’impact environnemental
L’urbanisation anarchique entraîne la déforestation des mangroves qui jouent un rôle clé dans la protection côtière et la biodiversité. L’érosion du littoral et la pollution des eaux constituent également des menaces grandissantes.
La gestion des déchets
En dépit des multiples efforts récemment consentis par les autorités, force est de reconnaitre que la collecte et le traitement des déchets restent insuffisants face à l’augmentation de la population. De nombreux quartiers sont envahis par des décharges sauvages, faute de moyens et d’infrastructures adaptées.
Face à tous ces défis et pour mieux structurer l’urbanisation du Grand Conakry, il convient d’envisager ce qui suit :
1.Poursivre la mise en œuvre du Schéma Directeur du Grand Conakry 2040. Ce projet vise à planifier l’expansion de la ville en développant de nouvelles infrastructures, des zones résidentielles modernes et des transports en commun plus efficaces.
2.Développer le transport urbain à travers des projets comme celui de bus rapides (BRT) et la pérennisation du trafic du train Conakry Express en vue de décongestionner la ville.
3.Améliorer la gestion des déchets à travers la modernisation de la collecte et le traitement des déchets, notamment avec le partenariat public-privé.
4.Préserver l’environnement par le biais de la protection des mangroves, la lutte contre l’érosion côtière et la sensibilisation à l’écologie.
En somme, l’urbanisation du Grand Conakry est à la croisée des chemins. Si la croissance de la ville est inévitable, elle doit être mieux encadrée pour éviter une aggravation des problèmes existants. La mise en place d’une planification urbaine cohérente, combinée à des investissements massifs dans les infrastructures et l’environnement, est essentielle pour garantir un développement durable et améliorer la qualité de vie des habitants.
Par Mohamed Lamine Sylla, journaliste
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