Les autorités d’urgence de l’hôpital régional de Kindia se trouvent confrontées à un défi de taille : le nombre croissant d’accidents de la route, qui met à mal les capacités d’accueil et de soins de l’établissement. En effet, en trois ans, l’hôpital a enregistré un total impressionnant de 8 051 victimes, principalement des jeunes hommes, un chiffre qui ne cesse d’augmenter depuis la réhabilitation de la route nationale.
Selon le Dr Ibrahima Kalil Condé, assistant du directeur général, cette situation est directement liée à l’amélioration des infrastructures routières. « Lors d’une étude menée sur une période de trois ans sous la direction de Dr Drissa Bina Konaré, nous avons comptabilisé 8 051 victimes d’accidents sur la route nationale, surtout après sa réhabilitation. Parmi ces patients, 63 % sont des hommes et la tranche d’âge la plus touchée est celle des 21 à 30 ans, représentant près de 25 % des blessés », explique-t-il. Parmi ces victimes, 83 % ont été traitées sur place, tandis que 17 % ont dû être transférées vers des structures spécialisées, comme Ignace Deen ou Donka, pour un meilleur suivi, soit 1 368 patients évacués grâce aux partenaires de l’hôpital et aux ambulances.
Les coûts liés à la prise en charge de ces victimes sont considérables. L’hôpital a dépensé près de 4 milliards de GNF pour soigner ces accidentés, un montant que les recettes collectées n’ont couvert qu’à hauteur de 11 %. Malgré cette situation financière difficile, l’hôpital a surpassé ses objectifs de recettes annuels, atteignant 189 % de son objectif. « Nous prévoyons de construire un bloc polyvalent pour le service des urgences, incluant une salle de réanimation autonome et une salle opératoire moderne« , ajoute Dr Condé. Ces nouvelles infrastructures permettront de traiter deux patients graves simultanément, ce qui devrait contribuer à réduire le taux de mortalité, actuellement de 4,47 %, soit 163 décès dus aux accidents.
Le directeur général de l’hôpital, Dr Drissa Bina Konaré, souligne qu’au-delà des soins, l’implication de l’État et des ministères concernés est primordiale. « Pour réduire le nombre d’accidents, il est essentiel d’adopter une approche multidisciplinaire impliquant les ministères des Transports, de la Santé et de la Sécurité », précise-t-il. Il appelle également à un soutien renforcé de l’État, afin de réduire les coûts et améliorer la formation du personnel. « L’État doit soutenir notre structure qui est centrale dans la prise en charge des accidents afin d’alléger les coûts et d’améliorer la formation du personnel », insiste Dr Konaré.
L’hôpital ne se contente pas de répondre à l’urgence immédiate. En parallèle, des projets d’envergure sont en cours pour améliorer les conditions de travail et de vie au sein de l’établissement. « Nous avons fait beaucoup progresser notre service », poursuit le Dr Konaré. « Nous prévoyons également la construction d’une cantine moderne pour améliorer les repas du personnel et des patients, ainsi qu’un parking pour les véhicules. De plus, nous avons l’intention de rénover complètement le service de chirurgie et d’améliorer l’entrée principale de l’hôpital. »
Ces efforts visent à renforcer la prise en charge des victimes d’accidents de la route, tout en offrant des conditions de travail dignes aux soignants. Toutefois, la situation reste préoccupante. Le nombre d’accidents continue d’augmenter, et la question se pose : l’État saura-t-il répondre à l’urgence de cette crise sanitaire avant que la situation ne devienne ingérable ? Avec des projets d’infrastructures et une équipe médicale dévouée, l’hôpital de Kindia espère pouvoir faire face à l’ampleur de cette crise, mais il reste dépendant du soutien des autorités pour réussir à endiguer le fléau des accidents de la route.
De Kindia, Joël Francis Kolié 33.10, pour Laguinee.info