C’est officiel ! Le gouvernement guinéen a tranché : à partir du 1er janvier 2025, plus aucun troupeau venu de l’étranger ne foulera le sol guinéen pour la transhumance. L’interdiction, en vigueur jusqu’au 1er mars 2025, vise, selon les autorités, à préserver la paix sociale et à mieux gérer les ressources naturelles. Une mesure saluée par certains, mais qui suscite déjà des remous dans les milieux pastoraux.
Une décision salutaire ou un coup dur pour les éleveurs ?
Dans un communiqué conjoint, les ministères de l’Agriculture et de l’Élevage, ainsi que de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, avancent plusieurs raisons pour justifier cette interdiction : manque d’espaces pastoraux, préservation de l’environnement, sécurité des populations, et bien sûr, réduction des tensions entre agriculteurs et éleveurs. En clair, les autorités veulent mettre de l’ordre dans un secteur où les conflits entre agriculteurs et transhumants se multiplient.
Mais derrière ces nobles intentions se cache une autre réalité : cette décision risque de fragiliser des milliers d’éleveurs guinéens qui dépendent de la transhumance pour nourrir leur bétail. Pour eux, cette interdiction sonne comme une sentence économique. « On nous demande de respecter des frontières que les bêtes ne connaissent pas », ironise un éleveur de la région de Kankan, avant d’ajouter : « On nous prive de nos moyens de survie sans solution alternative. »
Sécurité ou prétexte ?
Les autorités, conscientes des contestations à venir, assurent que la mesure ne concerne pas les animaux destinés à la consommation, sous réserve d’une autorisation préalable. Une précision qui suscite des interrogations : s’agit-il d’une interdiction pure et simple ou d’un contrôle renforcé déguisé en politique de gestion ? Certains observateurs voient dans cette initiative une manœuvre politique visant à séduire les agriculteurs, souvent en conflit avec les éleveurs transhumants.
En attendant, l’État mobilise la grosse artillerie pour faire respecter la mesure : services vétérinaires, forces de défense, administration locale et environnementale, tous sont appelés à veiller au grain. Mais la question reste entière : cette interdiction sera-t-elle réellement appliquée sur le terrain, ou restera-t-elle une de ces décisions spectaculaires qui finissent aux oubliettes faute de moyens ?
Entre rigueur et réalités du terrain
Si l’objectif de la décision est louable sur le papier, sa mise en œuvre s’annonce délicate. Car au-delà des contrôles et des sanctions, la gestion des mouvements du bétail est une réalité complexe, ancrée dans des pratiques séculaires. Sans accompagnement ni alternatives viables, cette interdiction pourrait créer plus de problèmes qu’elle n’en résout, notamment en poussant certains éleveurs vers des pratiques clandestines, loin du regard des autorités.
Cette interdiction pose une question essentielle : la Guinée est-elle prête à assumer les conséquences économiques et sociales de cette décision, ou s’agit-il d’une simple mesure de façade ? Affaire à suivre…
IAC, pour Laguinee.info