Alors que la Guinée se prépare du moins officiellement à tourner la page de la transition par l’organisation d’élections, une question demeure : le pays est-il réellement prêt ? La récente mission d’évaluation des besoins électoraux (NAM) des Nations Unies apporte des éléments de réponse, dressant un tableau à la fois lucide et préoccupant. Selon le rapport, « le climat politique reste marqué par une profonde polarisation et une méfiance généralisée entre les acteurs politiques et les autorités de transition ». Un constat qui souligne à quel point les obstacles sont nombreux et la confiance fragile.
Un processus sous tension
Si l’annonce d’élections à venir suscite des attentes, leur organisation effective est un tout autre défi. Le rapport de la mission onusienne insiste sur les défis techniques et institutionnels qui persistent : « plusieurs questions techniques et légales doivent être clarifiées avant de pouvoir établir un calendrier électoral réaliste ». Autrement dit, entre les déclarations de bonne volonté et les réalités du terrain, il existe un fossé qu’il faudra combler.
Le fichier électoral, souvent au cœur des contestations, demeure une source d’interrogation majeure. Sa fiabilité et son actualisation posent problème, d’autant plus que le découpage administratif et la mise en place des organes de gestion électorale sont encore loin d’être consensuels. Le rapport souligne également que « les tensions socio-politiques persistantes risquent de compromettre la tenue d’élections inclusives et apaisées », confirmant ainsi les inquiétudes de nombreux observateurs.
Des acteurs engagés, mais divisés
Le paysage politique guinéen est marqué par une diversité d’acteurs aux intérêts parfois contradictoires. Les partis d’opposition réclament des garanties, tandis que les autorités de transition affichent une volonté de mener le processus à son terme, non sans ambiguïtés. Le rapport de la NAM rappelle que « la mise en place d’un cadre de dialogue inclusif reste essentielle pour renforcer la confiance dans le processus électoral », un impératif qui tarde pourtant à se concrétiser.
De leur côté, les organisations de la société civile tentent de jouer les médiateurs, mais peinent à s’imposer face à des lignes de fracture profondément ancrées.
La communauté internationale, entre soutien et attentes
Dans ce contexte, la communauté internationale est perçue à la fois comme un partenaire indispensable et un arbitre attendu. Le rapport souligne que « le soutien technique et financier de la communauté internationale sera crucial pour garantir la crédibilité du processus électoral ». Toutefois, cette assistance ne pourra être efficace que si les autorités locales affichent une volonté claire de respecter les engagements pris.
Quelle suite pour la transition ?
Les conclusions du rapport de la NAM sont sans équivoque : la tenue d’élections crédibles nécessite des décisions fermes et un dialogue inclusif. Le temps des déclarations semble révolu, et les attentes des citoyens sont de plus en plus pressantes. À défaut d’un engagement sincère et concerté, la Guinée risque de s’enliser dans une transition aux contours indéfinis.
L’avenir du processus électoral repose donc sur un équilibre fragile entre volonté politique, exigences techniques et attentes citoyennes. Reste à savoir si les différents acteurs sauront relever le défi ou si, comme tant de fois par le passé, les espoirs d’une sortie de crise viendront se heurter aux dures réalités du terrain.
Laguinee.info