jeudi, janvier 23, 2025
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Kankan : immersion au Centre spécialisé Tawakaltou, un espoir pour les enfants handicapés

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Construit en 2004 dans le quartier Marioulén, le Centre spécialisé Tawakaltou est un établissement unique en Haute-Guinée. Son nom, tiré de l’arabe et signifiant « Je me confie à Dieu », reflète bien la mission de cet espace éducatif inclusif.

Fondé par des techniciens formés en orthopédie et kinésithérapie par Handicap International, avec l’appui de diverses organisations caritatives, Tawakaltou accueille des enfants en situation de handicap ainsi que des élèves sans handicap dans un cadre d’apprentissage adapté à tous.

Un modèle d’inclusion scolaire

À Tawakaltou, la diversité est une richesse. L’établissement prend en charge des enfants sourds-muets, des enfants en situation de handicap moteur ou mental, mais aussi des élèves sans handicap. Ici, signes et gestes sont le langage quotidien. L’inclusion est totale, et la cohabitation entre les différentes catégories d’élèves semble naturelle.

Lors de la récréation, on observe des enfants épanouis s’amusant dans la cour de l’école, adaptée à leurs besoins spécifiques. À 10h15, la cloche sonne. Le calme revient et chacun regagne sa classe. Dans l’une d’elles, le maître, lui-même sourd-muet, invite deux élèves à lire l’alphabet en langage des signes. Leurs gestes sont fluides, précis, témoignant d’un apprentissage rigoureux et efficace.

Madame Dioubaté Mariame Kaba, directrice du centre et elle-même en situation de handicap, explique : »Notre centre offre une éducation inclusive. Nous accueillons aussi des enfants ayant un retard mental, non pas pour suivre un programme classique, mais pour leur offrir un encadrement et éviter leur marginalisation. Ici, ils sont réinsérés dans un cadre normal et nous observons des progrès significatifs. »

Un encadrement adapté et des progrès notables

Le centre spécialisé Tawakaltou compte actuellement 45 élèves sourds-muets, 5 enfants en situation de handicap physique, ainsi que 22 enfants en retard mental ou issus de milieux défavorisés. Ces derniers sont intégrés progressivement dans les classes classiques pour faciliter leur réinsertion sociale et leur adaptation.

Interrogée sur l’impact de la scolarisation sur ces enfants, Madame Dioubaté est optimiste : »Nous constatons de réels changements. Les enfants qui, au départ, avaient des comportements inhabituels ou étaient marginalisés, adoptent progressivement des attitudes normales grâce à la mixité. Ils apprennent à interagir, à respecter les règles et à se sentir valorisés. »

Elle insiste également sur la qualité de l’enseignement dispensé : »Nos enseignants sourds-muets forment les élèves dans leur propre langue. Vous avez vu la démonstration en classe : ces enfants peuvent rivaliser avec n’importe quel élève d’une école classique. Avec un encadrement adéquat, tout enfant peut contribuer au développement socio-économique du pays. »

Un climat d’inclusion et de complémentarité

L’un des aspects les plus marquants du centre est l’harmonie qui règne entre les enfants handicapés et non handicapés. La cour de récréation est un lieu de partage où les différences s’effacent au profit de la solidarité.

« Les enfants jouent ensemble, communiquent avec des signes et s’acceptent mutuellement. Cette diversité est une force, car elle enseigne à tous la tolérance et l’entraide, » souligne Madame Dioubaté.

Elle plaide cependant pour une amélioration des conditions d’apprentissage, notamment en matière de matériel pédagogique pour les enfants aveugles.

Des défis persistants

Malgré les succès enregistrés, le centre Tawakaltou fait face à de nombreux défis. Le transport des élèves, souvent logés loin de l’école, reste un problème majeur. Le manque d’infrastructures adaptées et l’absence de soutien alimentaire freinent également le bon fonctionnement de l’établissement.

« Nous avons besoin de créer un centre de formation professionnelle pour enseigner des métiers comme la couture et la cordonnerie, afin d’assurer l’insertion des enfants après leur parcours scolaire, » explique la directrice.

Un message d’espoir

Malgré les difficultés, Madame Dioubaté garde le sourire et ne perd pas espoir. Elle tire sa force de son propre parcours et encourage les familles à soutenir leurs enfants handicapés.

« Je remercie mes parents qui ne m’ont jamais abandonnée. L’amour et l’acceptation sont essentiels pour qu’un enfant handicapé puisse s’épanouir. Le handicap n’est pas une fatalité, c’est une opportunité. Il suffit de croire en soi et de persévérer. »

Avec des ressources supplémentaires et un soutien accru, le centre Tawakaltou pourrait aller encore plus loin dans sa mission d’inclusion et de formation, offrant un avenir meilleur à des centaines d’enfants en Haute-Guinée.

 

De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya, pour laguinee.info

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