L’Alliance des États du Sahel (AES) a décidé de prendre son destin sécuritaire en main. À quelques jours de son divorce officiel avec la CEDEAO, l’alliance militaire formée par le Mali, le Niger et le Burkina Faso a annoncé la création d’une force unifiée de 5000 hommes. Une démonstration de force qui sonne comme un pied de nez à l’organisation ouest-africaine dont ils s’apprêtent à tourner la page.
C’est le général Salifou Mody, ministre nigérien de la Défense, qui a annoncé la nouvelle avec un ton martial et confiant. « La force est pratiquement prête », a-t-il affirmé sur la télévision nationale du Niger. D’après lui, cette armée conjointe disposera de moyens aériens, terrestres et de renseignement, et sera capable d’intervenir « partout sur l’espace de l’AES. »
Une véritable machine de guerre taillée sur mesure pour venir à bout des groupes djihadistes qui pullulent dans la région.
Mais au-delà de l’aspect militaire, cette initiative ressemble à une déclaration politique bien ficelée. Après avoir tourné le dos à la CEDEAO, qui les menaçait d’une intervention armée après leurs coups d’État respectifs, les trois régimes militaires veulent prouver qu’ils sont capables de voler de leurs propres ailes. « Nous avons désormais un espace de défense et de sécurité qui s’étend de Bosso à la frontière de la Mauritanie, et du sud malien jusqu’aux frontières de la Libye », a précisé le général Mody. Autrement dit, l’AES voit grand, très grand.
Reste à savoir si cette force unifiée sera à la hauteur de ses ambitions. Car si la volonté politique est évidente, les défis logistiques et financiers risquent de donner quelques sueurs froides aux stratèges de l’AES. Mutualiser des efforts est une chose, les rendre réellement opérationnels en est une autre. D’autant plus que la menace djihadiste est, elle, bien concrète et n’attend pas les discours pour frapper.
Quoi qu’il en soit, les chefs d’état-major des trois pays multiplient les rencontres pour peaufiner les derniers détails. Selon le général Mody, les premières opérations conjointes ont déjà été lancées, prouvant que « ça marche très bien. » Un optimisme qui tranche avec les réalités du terrain, où les attaques se poursuivent malgré les déclarations rassurantes.
En attendant le 29 janvier 2025, date à laquelle l’AES sera officiellement débarrassée de la tutelle de la CEDEAO, l’alliance semble vouloir montrer qu’elle est plus qu’un simple regroupement de régimes issus de putschs militaires. Mais une question demeure : cette force de 5000 hommes sera-t-elle un véritable bouclier contre le terrorisme ou une simple vitrine politique destinée à impressionner l’opinion publique ? Seul le terrain répondra.
Laguinee.info