Situé en plein cœur de la commune urbaine de Dubréka, le quartier Mafoudia est un carrefour stratégique qui abrite des infrastructures de premier plan. De l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté au siège de la commune, en passant par un centre de santé et la grande mosquée, tout semble réunir les conditions d’un quartier moderne et dynamique. Pourtant, derrière cette façade institutionnelle, Mafoudia lutte quotidiennement contre des réalités bien moins reluisantes.
Des autorités sans bureau fixe
Ironie du sort, les autorités du quartier n’ont même plus de siège où tenir leurs réunions et gérer les affaires locales. Jadis doté d’un bureau, Mafoudia a vu cet espace être réaffecté en école franco-arabe, laissant les responsables du quartier dans une situation d’errance administrative. « Nous avons entamé des démarches auprès des autorités compétentes, une lettre a été déposée, et un lieu a même été identifié pour accueillir le siège, mais nous attendons toujours la décision du préfet, » explique Aboubacar Bah, premier secrétaire chargé du sport, de l’art et de la culture.
En attendant une hypothétique réponse, la gestion du quartier se fait au gré des disponibilités des responsables, entre domiciles privés et espaces improvisés.
L’eau potable, une denrée rare
Si l’administration flotte en eaux troubles, l’eau potable, elle, est presque inexistante. Le manque d’infrastructures de distribution d’eau pousse les habitants à parcourir de longues distances pour se ravitailler. « Nous avons un besoin urgent de forages publics pour permettre à la population de s’approvisionner correctement, » plaide Aboubacar Bah.
Malgré la multiplication des demandes auprès des autorités locales, la situation reste inchangée, et les habitants de Mafoudia doivent composer avec un quotidien marqué par la pénurie d’une ressource essentielle à la vie.
Un chômage persistant malgré les diplômes
À Mafoudia, la jeunesse diplômée peine à trouver un emploi. L’absence d’opportunités d’insertion professionnelle pousse de nombreux jeunes à l’inaction, aggravant le sentiment de précarité. « Beaucoup de jeunes ont terminé leurs études, mais restent sans emploi. Cela nous préoccupe énormément, » s’inquiète M. Bah, appelant l’État à intervenir pour créer des débouchés.
Les compétences existent, mais les opportunités manquent, forçant de nombreux jeunes à envisager l’exode vers la capitale ou d’autres régions plus prospères.
Travaux routiers : un progrès à double tranchant
Actuellement, le quartier est en pleine transformation avec les travaux de construction d’une route. Une avancée infrastructurelle qui pourrait améliorer la mobilité locale, mais qui engendre son lot de désagréments. La poussière soulevée par les engins envahit les habitations et les commerces, posant un sérieux problème de santé publique. « Nous demandons que des mesures d’arrosage soient prises deux fois par jour pour limiter les nuisances, » suggère M. Bah.
Si les habitants saluent l’initiative, ils restent toutefois préoccupés par l’absence de mesures d’accompagnement pour atténuer les effets négatifs des travaux.
Mafoudia, entre promesses et attentes
Malgré sa position centrale et ses infrastructures essentielles, Mafoudia semble être un quartier laissé à lui-même. L’attente des décisions administratives, l’absence d’eau potable, le chômage des jeunes et les nuisances des travaux sont autant de défis qui freinent son développement.
Les habitants, eux, continuent d’espérer que les promesses faites se traduiront un jour en actions concrètes. Mais en attendant, Mafoudia reste ce quartier stratégique où l’essentiel manque encore.
IAC, pour Laguinee.info