Depuis le 7 janvier 2024, Aliou Bah, leader du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), croupit à la Maison centrale de Conakry, condamné à deux ans de prison ferme pour offense et diffamation envers le chef de l’État. Une condamnation qui, selon ses partisans, n’a rien à voir avec la justice, mais tout avec la politique.

Un recours, un espoir ténu

Face à cette décision jugée “injuste”, les avocats du leader politique n’ont pas tardé à réagir. Après un appel en cours à la Cour d’appel de Conakry, ils ont saisi la Cour de justice de la CEDEAO. Mais dans un pays où le mot “justice” rime souvent avec “instrumentalisation”, peut-on vraiment espérer un dénouement favorable ?

“Nous avons déposé un recours auprès de la CEDEAO”, a annoncé Moïse Diawara, porte-parole du parti, lors de l’assemblée générale de ce samedi 18 janvier. Si le ton se veut confiant, difficile de ne pas y déceler une pointe d’amertume.

Le MoDeL tient le cap… sans son capitaine

“Ce parti n’est pas centré sur une personne, mais sur des idéaux.” Voilà la rengaine du MoDeL pour rassurer ses troupes. Pourtant, l’absence de leur président ne passe pas inaperçue. À chaque discours, on sent bien que l’ombre d’Aliou Bah plane sur les militants.

Malgré tout, le MoDeL joue la carte de la mobilisation. Sit-in bihebdomadaires, messages enflammés sur les réseaux sociaux, et un porte-parole qui martèle : “Nous sommes pacifiques, légalistes, et déterminés.” Mais en réalité, combien de temps tiendront-ils face à un appareil d’État bien rodé pour broyer ses opposants ?

Une justice en quête de crédibilité

Dans cette affaire, c’est aussi la justice guinéenne qui se joue son avenir. Continuera-t-elle à servir de bras armé pour étouffer les voix discordantes, ou pourra-t-elle, pour une fois, s’ériger en véritable garant de l’équité ? Pour l’instant, la réponse semble évidente, et elle n’a rien de flatteur.

En attendant, Aliou Bah reste derrière les barreaux, et son parti se bat sur tous les fronts. Mais dans ce bras de fer entre le MoDeL et le pouvoir, on sait déjà qui détient le marteau. La question est de savoir si ce dernier finira par l’utiliser pour rendre justice ou pour enfoncer un peu plus les clous du cercueil de la démocratie.

Laguinee.info