Cette semaine, les Forces Vives de Guinée (FVG) ont annoncé leur décision de demander à tous leurs représentants au sein des institutions de la transition de se retirer. Ce retrait, selon leurs dirigeants, s’inscrit dans une stratégie visant à « déloger » la junte et à mettre en place une transition civile.
Dans ce contexte, Francis Haba, homme politique, a exprimé des doutes sur la capacité des FVG à atteindre leurs objectifs :
« Des gens qui ont échoué sur le terrain, comment peuvent-ils réussir par procuration ? »
Il poursuit en s’interrogeant sur la faisabilité d’une telle entreprise sans recourir au dialogue :« J’ai beau creuser mes méninges, je ne trouve pas par quelle magie ou miracle le groupe restreint d’acteurs appelés malencontreusement « Forces Vives de Guinée » arriveront-ils à mettre en place une transition civile. Il n’y perviendra pas sans dialogue, qui reste l’unique arme adéquate dans la situation qui prévaut. »
Pour illustrer son propos, Francis Haba fait appel à un proverbe Kpèlè :
« Le signe qui ne peut pas grimper à l’arbre, même si tu l’aides à s’agripper au tronc, il ne pourra jamais. »
Les précédents politiques
Francis Haba a également rappelé des épisodes marquants de la scène politique guinéenne, soulignant les difficultés rencontrées par certains leaders politiques par le passé :
« Déjà en 2010, les deux anciens premiers ministres étaient unis, que ce soit dans les urnes ou en dehors, pour conquérir la magistrature suprême, mais ils avaient lamentablement échoué, malgré leur popularité avérée, à cause de leur naïveté, leur pragmatisme, leur manque d’ouverture et de vision à long terme, contrairement à leur adversaire. »
Il évoque ensuite les événements de 2015 :
« En 2015, les bisbilles et les égos au sein du couple des deux amis-adversaires et l’égoïsme général au sein de la classe politique avaient dispersé les voix et favorisé un boulevard au Professeur Alpha Condé qui, il faut le reconnaître, maîtrisait alors son sujet. »
Revenant sur la période de 2020, il note les efforts consentis par les Forces Vives dans leur lutte contre le régime d’Alpha Condé :
« En 2020, grâce à la lutte populaire menée par les vraies « Forces Vives de Guinée » rassemblées au sein du FNDC, le Président Alpha Condé et son pouvoir étaient complètement fragilisés et discrédités. L’élection présidentielle d’octobre 2020 était alors une chance ultime pour celui qui avait échoué préalablement à deux reprises. Grâce à une mobilisation et un rassemblement sans précédent des acteurs socio-politiques de tout bord au sein de la grande alliance appelée ANAD (Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie), le peuple de Guinée s’était levé comme un seul homme pour voter et porter son candidat à la magistrature suprême. »
Cependant, il relève l’absence d’une stratégie post-électorale claire :
« Mais aucune stratégie concrète de prise de pouvoir n’a suivi les efforts consentis au péril de plusieurs vies, malgré le soutien indéfectible de la communauté internationale. Pire, la large alliance qui rassemblait toutes les couches sociopolitiques guinéennes s’est aujourd’hui désagrégée comme un château de cartes sur fonds de jalousies, de coups bas, manques de respect, d’avarisme, etc. »
Les défis de légitimité
Francis Haba questionne enfin la légitimité des Forces Vives dans le contexte actuel :
« Fort de ces raisons, je ne cesse de me demander comment des Guinéens peuvent-ils encore croire en l’association d’un tel groupe d’acteurs dont les uns ont mis le pays à son plus bas niveau de l’histoire à cause de la malgouvernance et la confiscation de la démocratie (fraude électorale conduisant à leur machin de troisième mandat) et les deuxièmes qui ne brillent que par leurs échecs ? »
Il conclut en appelant à une réflexion sur le rôle des leaders politiques :
« Les grands hommes, dans les grandes démocraties, quand ils échouent deux ou trois fois, ils passent le flambeau à une nouvelle génération. Sinon, le Président Diomaye Faye n’aurait jamais brigué la magistrature suprême du Sénégal. À méditer ! »
Laguinee.info