Dans une nouvelle sortie virulente contre le régime du CNRD, le célèbre reggaeman guinéen Élie Kamano qualifie la junte de « régime criminel et assassin ». À l’occasion du troisième anniversaire du coup d’État du 5 septembre 2021, l’artiste a exprimé son mécontentement face à la gestion du pays par la junte militaire, en particulier concernant l’exploitation des ressources minières et la répression des opposants.
Elie Kamano dénonce un régime qui, selon lui, a « fait une fixation sur les ressources minières du pays », tout en promettant des transformations irréalistes à l’horizon 2040, mais sans offrir de solutions aux problèmes immédiats du peuple guinéen. Pour l’artiste, la militarisation du pays et les discours sur un « avenir radieux » sont loin de convaincre les citoyens. « Pourquoi militariser le pays si le peuple est dans votre esprit comme vous le prétendez ? » interroge-t-il, remettant en question la légitimité de la junte à gouverner.
Depuis le coup d’État, Djelyman Kamano estime que le pays n’a cessé de sombrer dans la précarité et l’injustice. « Trois ans que le pays est pillé, violé à ciel ouvert », déplore-t-il, soulignant l’incapacité du CNRD à répondre aux besoins essentiels des Guinéens. Selon lui, le pays est désormais dirigé par un « groupe de militaires de l’unité des forces spéciales » qui se sont associés à des citoyens malpropres pour créer un système oligarchique, où le peuple est relégué au second plan.
L’artiste ne manque pas de pointer du doigt l’hypocrisie du régime, qui prétend incarner la justice tout en protégeant les plus puissants. Elie fait état de « vols et détournements », tout en rappelant les tragiques événements de N’Zérékoré, où plus de 280 Guinéens ont perdu la vie, sans que les responsables n’aient été véritablement jugés. « Un directeur tombe pour détournement de deniers publics, pendant qu’un ministre est protégé après avoir marché sur les cadavres de plus de 280 concitoyens guinéens », fustige-t-il, faisant état de l’inefficacité d’une justice qui semble à deux vitesses.
Pour l’artiste, la situation est d’autant plus désastreuse que la liberté d’expression est étouffée. Il dénonce l’emprisonnement de ceux qui osent critiquer le pouvoir et appelle à une prise de responsabilité des autorités face aux crimes de sang commis sous leur mandat. « Si certains vont en prison pour avoir voulu manifester, pour avoir critiqué votre totalitarisme, pourquoi les responsables de ces crimes de sang ne devraient-ils pas répondre de leurs actes ? » s’interroge-t-il.
Avec une amertume palpable, l’artiste conclut en évoquant la souffrance du peuple guinéen, qu’il compare à un pays abandonné par Dieu. « Quand je pense aux dents blanches de certains responsables, je me rappelle douloureusement les linceuls des Guinéens morts à la fleur de l’âge, sans justice. Dieu a définitivement quitté ce pays. »
Laguinee.info