samedi, janvier 11, 2025
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Le complexe de l’ailleurs : une aliénation volontaire du Guinéen

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En Guinée, le parfum de l’ailleurs séduit plus que les fleurs de nos propres jardins. Nous vivons dans une société où la moindre étiquette étrangère devient un certificat de qualité, où la teinte d’un accent importé éclipse l’éloquence de nos langues maternelles. Ce n’est pas seulement un constat : c’est une tragédie nationale.

Pourquoi ce mépris pour nos racines ? Pourquoi cette fascination maladive pour tout ce qui vient d’ailleurs ? Est-ce le poids de l’histoire, le souvenir des chaînes coloniales encore enroulées autour de nos esprits ? Ou est-ce simplement une paresse intellectuelle, un renoncement collectif à l’idée que nous pouvons nous suffire à nous-mêmes ?

La scène est familière : un produit local, soigneusement confectionné avec l’authenticité de nos savoir-faire, est éclipsé par une pâle imitation importée d’Asie ou d’Europe. Dans nos conversations, un compatriote qui ose défendre une initiative nationale est immédiatement qualifié de rêveur. « Ça ne marchera jamais ici », disent-ils. Pourtant, ce même sceptique est prêt à vider son porte-monnaie pour un produit étranger, même de qualité douteuse.

Nos artistes peinent à remplir des salles alors que nous acclamons des stars qui ne connaissent ni nos rythmes ni nos traditions. Nos intellectuels sont ignorés, mais un consultant étranger, débarquant avec des idées génériques, est accueilli comme un oracle. C’est un complexe d’infériorité que nous entretenons avec une dévotion inquiétante, comme si nous n’étions que des figurants dans notre propre histoire.

Et pourtant, l’ailleurs n’a pas toutes les réponses. Les pays que nous idéalisons ont bâti leur grandeur sur leur identité. Ils consomment leurs propres produits, chantent leurs propres louanges, écrivent leurs propres récits. Mais nous, que faisons-nous ? Nous nous camouflons derrière des masques importés, refusant d’admettre que notre richesse est là, sous nos pieds, dans nos traditions, dans nos talents.

Il est temps de renverser cette tendance, de réécrire le récit. Valoriser ce qui vient d’ici n’est pas un acte de repli. C’est un acte de dignité. C’est affirmer que la Guinée peut être fière d’elle-même. C’est accepter que nous avons des forces, des idées, des potentialités qui n’attendent qu’un regard bienveillant pour s’épanouir.

Le salut de notre nation ne viendra pas de l’ailleurs. Il viendra du jour où chaque Guinéen croira en la Guinée. Le jour où nous apprendrons à marcher la tête haute, fiers de nos racines, conscients que ce que nous avons peut rivaliser avec le monde. Parce qu’en vérité, la Guinée n’a rien à envier à personne. Ce sont nos esprits qui doivent encore être décolonisés.

Alors, cessons de courir derrière des mirages. Redressons-nous. L’ailleurs peut attendre. Mais notre identité, elle, ne peut plus être négligée.

Un citoyen guinéen 

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