Dans son message de vœux pour l’année 2024, Aboubacar Sylla, président de l’Union des Forces du Changement (UFC), a adressé ses pensées aux Guinéens en cette période difficile, marquée par des enjeux multiples.
Il a débuté son discours par une émotion particulière pour les victimes de la tragédie survenue le 1er décembre 2023 au stade de N’zérékoré. «Une fois de plus, la maladresse dans la conduite des affaires publiques aura réservé un sort dramatique à plusieurs de nos compatriotes et endeuillé la nation», a-t-il souligné. Aboubacar Sylla a renouvelé ses condoléances aux familles des victimes, exprimant l’espoir que les enquêtes ouvertes soient rapidement conclues pour élucider les circonstances de ce drame.
En abordant les défis du pays, il a indiqué que la Guinée se trouve dans une situation préoccupante. «Les nuages s’amoncèlent encore, l’horizon s’obscurcit un peu plus chaque jour», a-t-il affirmé, exprimant les inquiétudes croissantes face à la crise politique et sociale. Le président de l’UFC a rappelé que, à l’orée de l’année, «les âmes s’apaisent, les cœurs se réjouissent et les esprits s’illuminent», en espérant que la prospérité puisse atteindre tous les foyers guinéens.
Aboubacar Sylla a aussi dénoncé l’impasse dans laquelle le pays se trouve depuis le 5 septembre 2021. «Nous sommes au beau milieu d’une crise inédite qui nous secoue profondément», a-t-il déclaré. Il a exprimé son inquiétude face à l’absence de « chronogramme électoral » et de « processus électoral » en cours, rappelant que la Guinée n’a toujours pas retrouvé son «ordre constitutionnel et démocratique normal». Il a également mis en lumière le sentiment d’exclusion ressenti par de nombreux acteurs de la vie nationale, notamment les opposants politiques, les détenus arbitraires, les exilés et les travailleurs des médias fermés.
M. Sylla a exprimé sa solidarité envers ces citoyens et a particulièrement évoqué les familles des journalistes et travailleurs des médias fermés qui souffrent d’un chômage forcé. Il a également insisté sur l’importance d’une presse libre et indépendante pour la démocratie et l’Etat de droit : «La censure des idées et de la parole à la mode aujourd’hui dans notre pays à cette ère, est une pratique totalement inopérante et révolue.»
Loin de se limiter à une analyse politique, le président de l’UFC a élargi son discours aux enjeux sociaux et économiques. Il a évoqué la situation difficile des familles guinéennes, dont le niveau de vie se dégrade, rendant l’accès à des besoins fondamentaux comme la santé, l’alimentation et le logement de plus en plus difficile. Il a souligné que l’action d’un gouvernement efficace doit viser à «renforcer le pouvoir d’achat des ménages et le bien-être des citoyens».
L’ancien ministre a insisté sur la nécessité de revoir la stratégie de gestion du pays, estimant que «l’approche par la force, la politique politicienne, la division et l’exclusion sont des stratégies totalement inefficaces, inopérantes et dépassées.» Selon lui, il est impératif d’adopter «des solutions pratiques et productives»pour enrayer la crise qui perdure.
Dans ce contexte, il a réaffirmé qu’il n’existe pas d’alternative à «la démocratie, l’État de droit, la protection et la promotion des libertés et droits fondamentaux». Pour sortir de cette impasse, il a appelé à un «dialogue national» qui inclurait tous les acteurs sociopolitiques. Ce dialogue devrait permettre de définir «un chronogramme allégé, réaliste et opérant» pour un retour à l’ordre constitutionnel.
«Ce rendez-vous de dialogue national convoqué par le cours des événements n’est pas une option mais la solution même de sortie de crise», a-t-il insisté, tout en soulignant que les autorités actuelles doivent respecter les engagements pris, notamment «pas de candidature aux élections des autorités du CNRD et des acteurs des organes de la transition».
Enfin, Aboubacar Sylla a exprimé l’espoir que les autorités fassent le choix d’ «être définitivement du bon côté de l’histoire», soulignant que la Guinée mérite de sortir de son paradoxe de «terre riche aux habitants pauvres». Il a conclu son message par un appel à l’action : «Quand nous aurons terminé les célébrations du nouvel an et que la vie aura repris son cours normal, chacun vaquant à son travail, pensons tous à la Guinée.» Il a ainsi appelé les Guinéens à retrousser les manches et à travailler pour la grandeur et l’honneur du pays.
Le leader politique a souhaité une bonne année 2025 à tous les Guinéens, citant les sages paroles de Montaigne : «La force et la violence peuvent quelque chose mais pas toujours tout». Il a exprimé l’espoir que Dieu bénisse la Guinée et ses citoyens.
Laguinee.info