mercredi, janvier 8, 2025
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CNRD: promesses brisées et gouvernance autoritaire, le piège d’une transition sans fin (tribune)

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Arrivé au pouvoir le 5 septembre 2021 à la suite d’un coup d’État, Mamadi Doumbouya avait suscité un immense espoir auprès du peuple guinéen, épuisé par les dérives du régime d’Alpha Condé. Il s’était engagé à mener une transition fondée sur la justice, l’unité nationale et la rectification des erreurs du passé. Cependant, ces promesses se sont rapidement révélées illusoires.

Trois ans plus tard, il est évident que le CNRD n’a pas honoré ses engagements. La transition promise s’est transformée en un régime de plus en plus autoritaire, où les libertés fondamentales sont régulièrement bafouées. Après avoir dissous la Constitution, le CNRD a imposé une charte de transition qu’il viole lui-même de manière répétée. Les manifestations, autrefois soutenues par la junte, sont désormais interdites, et les médias critiques subissent des pressions allant jusqu’au retrait de leurs agréments. Les opposants à la junte sont persécutés, emprisonnés, ou contraints à l’exil.

Le paradoxe le plus frappant de cette transition réside dans le comportement de ceux qui s’opposaient autrefois au régime d’Alpha Condé pour ses dérives autoritaires. Ils se retrouvent aujourd’hui complices d’une gouvernance similaire. La promesse de refondation nationale n’est désormais qu’une façade destinée à pérenniser un pouvoir absolu, légitimé par une prétendue « exception » juridique. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la junte semble davantage soucieuse de conserver le pouvoir que de poser les bases d’une démocratie durable.

L’absence d’un calendrier clair pour le retour à l’ordre constitutionnel alimente des inquiétudes profondes, tant sur le plan national qu’international. Si le CNRD a promis un retour à la démocratie, la prolongation indéfinie de la transition illustre son manque de volonté réelle de céder le pouvoir. Le peuple guinéen, qui attend des élections libres et transparentes, voit ses attentes constamment repoussées. La procrastination politique s’installe comme un outil au service d’un autoritarisme prolongé.

Un autre point critique est l’impunité flagrante qui caractérise le gouvernement du CNRD. Les autorités militaires ont consolidé leur contrôle sur les ressources de l’État et les institutions, s’arrogeant des pouvoirs excessifs. L’absence de séparation des pouvoirs met en péril l’indépendance de la justice et renforce la centralisation du pouvoir autour de quelques individus. L’armée contrôle désormais les sphères politiques et économiques du pays, réduisant à néant les institutions démocratiques.

La répression des voix dissidentes est devenue systématique. Par des intimidations, des arrestations arbitraires et des menaces, la junte a instauré un climat de peur généralisé. Ce contexte décourage les citoyens et les acteurs politiques d’exprimer des opinions contraires, de peur de représailles. Ces dérives autoritaires contredisent les engagements initiaux du CNRD, qui avait promis de faire de la justice et de la liberté d’expression les piliers de la transition.

Le discours de rupture et de changement prôné par la junte apparaît de plus en plus déconnecté de la réalité. Le CNRD a perdu sa crédibilité, et ses actions témoignent d’une volonté de s’éterniser au pouvoir. Le refus de respecter les engagements pris avec la CEDEAO, notamment en ce qui concerne la durée de la transition, en est la preuve éclatante. Désabusé, le peuple guinéen voit ses aspirations à la démocratie, à la liberté et à la justice se transformer en une amère illusion.

L’absence de visibilité sur le processus de transition constitue l’une des faiblesses majeures du CNRD. Les promesses de réformes économiques et politiques sont éclipsées par des manœuvres politiques douteuses. La junte semble plus préoccupée par son auto-légitimation que par la résolution des problèmes fondamentaux du pays. Les Guinéens, eux, réclament des actions concrètes et non des discours vides de sens.

En poursuivant sa stratégie de prolongation de la transition et de centralisation du pouvoir, le CNRD démontre qu’il n’a jamais eu l’intention de respecter ses engagements. La Guinée reste plongée dans une incertitude totale, et le retour à une véritable démocratie semble de plus en plus lointain.

Il est impératif que le CNRD tienne ses promesses et fixe une date précise pour le retour à l’ordre constitutionnel. La transition doit permettre une sortie de crise authentique par l’organisation d’élections libres et transparentes, comme cela avait été annoncé. Le peuple guinéen ne peut continuer à subir une gouvernance qui reproduit les mêmes erreurs du passé.

Mamadou Dian Mariam DIALLO

Journaliste indépendant

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