Les responsables électoraux du Tchad ont commencé dimanche le dépouillement des bulletins de vote après une journée de scrutin pour les élections législatives et régionales. Ce scrutin est historique, car il s’agit des premières élections législatives depuis plus de dix ans. Ces élections surviennent quelques mois après la réélection contestée de Mahamat Idriss Déby à la présidence, une élection censée marquer le retour à la démocratie, après la prise de pouvoir de ce dernier en 2021, suite au décès de son père, Idriss Déby Itno, qui avait dirigé le pays pendant trois décennies.
Cependant, le climat politique reste tendu. L’opposition, notamment le principal parti « Transformateurs » dirigé par Succès Masra, a boycotté ces élections, estimant que le processus électoral n’est ni transparent ni crédible. Masra, arrivé deuxième lors de la présidentielle, a qualifié ces élections de « mascarade », accusant le gouvernement de vouloir maintenir une dynastie au pouvoir. Après avoir brièvement occupé le poste de Premier ministre, Masra avait démissionné pour se lancer dans la course présidentielle.
Au total, plus de 8 millions d’électeurs sont inscrits pour élire les 188 députés à la nouvelle Assemblée nationale. Des représentants provinciaux et municipaux seront également élus. Les résultats sont attendus dans environ deux semaines.
Le pays fait face à plusieurs défis majeurs : la pauvreté, la violence des groupes armés, et l’instabilité politique. Le Tchad, un exportateur de pétrole de 18 millions d’habitants, est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique et n’a jamais connu de transfert de pouvoir libre et équitable depuis son indépendance en 1960. Ces élections se déroulent également dans un contexte de crise sécuritaire, avec des attaques régulières de Boko Haram dans la région du lac Tchad et une rupture de ses relations militaires de longue date avec la France, son principal allié militaire.
Enlèvement d’un candidat à Ndjamena : un nouvel épisode inquiétant
En parallèle de ce climat déjà tendu, un nouvel événement a exacerbé les tensions politiques au Tchad. M. Nour Issa Youssouf, candidat du Parti Démocratique Africain (PDA) pour le 10e arrondissement de Ndjamena, a été enlevé par des agents des services de renseignement hier. Considéré comme le favori dans sa circonscription, M. Nour Issa s’était récemment distingué par ses dénonciations de graves irrégularités dans le processus électoral local.
Cette disparition suscite une vive inquiétude parmi ses partisans et sa famille, qui sont sans nouvelles de lui à ce jour. Le Parti Démocratique Africain condamne fermement cet acte, le qualifiant de manœuvre visant à museler l’opposition et à influencer les résultats électoraux. Le kidnapping de M. Nour Issa intervient dans un contexte où d’autres candidats en province ont également été enlevés, et où des fraudes électorales à grande échelle ont été dénoncées.
Cet incident vient s’ajouter à la longue liste de préoccupations concernant l’intégrité du processus électoral et l’absence de conditions pour une véritable transition démocratique. De nombreuses voix s’élèvent pour demander la libération immédiate de M. Nour Issa Youssouf et des éclaircissements sur cette affaire.
Les résultats des élections législatives et régionales sont attendus dans environ deux semaines, mais d’ici là, le climat politique au Tchad semble de plus en plus marqué par l’incertitude et les tensions. Le monde attend de voir si ces élections, sous haute surveillance, parviendront à apporter une lueur d’espoir pour la démocratie dans le pays ou si elles ne feront que renforcer les divisions et les contestations.
Laguinee.info
