jeudi, janvier 9, 2025
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Me Mohamed Traoré dénonce les dérives dans l’application de la garde à vue en Guinée

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Sur son compte Facebook, Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier du Barreau de Guinée, a livré une analyse critique et incisive sur l’application de la garde à vue en Guinée. S’appuyant sur les dispositions du Code de procédure pénale, il met en lumière les lacunes et dérives qui empêchent une réelle équité dans les procédures pénales.

« En lisant les dispositions du Code de procédure pénale relatives à la garde à vue (articles 85 et suivants), on se rend compte aisément comment le législateur s’emploie à faire en sorte que la procédure pénale soit équitable, qu’elle concilie et préserve l’équilibre des droits des parties. En d’autres termes, les règles sont éditées de manière à ce que soient pris en compte à la fois la préservation de l’intérêt général et le respect des droits et libertés individuels », commence-t-il.

Le rôle clé du procureur de la République

Me Traoré rappelle que le procureur de la République est censé être au cœur de la garde à vue, une mesure privative de liberté qui n’est pourtant pas une peine. Son rôle est de garantir un équilibre entre l’intérêt général et les droits des citoyens. Cependant, il souligne que dans la pratique, ce magistrat manque parfois de courage et d’autorité pour imposer ses prérogatives face aux officiers de police judiciaire (OPJ).

« Les OPJ, qui, du point de vue de la loi, relèvent exclusivement du procureur de la République quand ils mènent une enquête judiciaire, ont parfois plus de considération pour leurs chefs hiérarchiques au sein de la gendarmerie ou de la police que pour le chef du parquet », déplore-t-il.

Des ingérences nuisibles

L’ancien Bâtonnier va plus loin en dénonçant les ingérences de personnes étrangères aux enquêtes préliminaires, qui viennent affaiblir l’autorité du procureur et rendre caduques les protections offertes par le Code de procédure pénale.

« Il arrive même que des personnes totalement étrangères à l’enquête préliminaire s’en mêlent sous le regard impuissant du procureur de la République. Des mesures sont prises au cours de l’enquête préliminaire sans qu’il n’en soit avisé et ne puisse faire ou dire quoi que ce soit. Parfois, il a lui-même peur pour sa petite tête », écrit-il avec amertume.

Une procédure vidée de son essence

Me Traoré conclut avec un constat alarmant : les règles protectrices prévues par le Code de procédure pénale restent souvent « lettres mortes » face à ces dérives. Il appelle à une réforme en profondeur des pratiques pour restaurer l’autorité des procureurs et garantir une procédure pénale véritablement équitable.

Ce plaidoyer met en lumière les défis colossaux auxquels est confrontée la justice guinéenne, entre ingérences hiérarchiques, manque de courage institutionnel et défaillances systémiques. Un appel au sursaut qui ne saurait rester sans réponse.

Laguinee.info

 

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