C’est une déclaration qui ne passe pas inaperçue et qui va sans doute alimenter les débats sur la fin de la transition en Guinée. En prenant part au lancement des activités d’un mouvement de soutien au président de la transition, ce samedi 28 décembre 2024, Ousmane Gaoual Diallo, ministre porte-parole du gouvernement, a plongé dans un tourbillon politique en affirmant que le Président Mamadi Doumbouya n’est pas là pour faire quelques mois et passer.
La transition, qui devait initialement prendre fin le 31 décembre 2024, semble donc s’étirer au-delà des prévisions. Cette déclaration fait écho aux déclarations contradictoires du ministre lui-même, qui en février 2023 avait assuré qu’aucun jour supplémentaire ne serait accordé après les 24 mois initialement fixés. « Le président de la transition a rappelé aujourd’hui qu’il ne passera pas un jour de plus à l’issue des 24 mois de la transition« , avait alors affirmé Ousmane Gaoual Diallo. À l’époque, il était catégorique : si la transition dépassait cette période, “ce sera quelqu’un d’autre qui devra conduire le pays”.
Mais aujourd’hui, les propos du ministre ont radicalement changé. En affirmant que le président n’est « pas venu ici pour faire deux mois, trois mois et passer« , Gaoual Diallo semble renoncer à la promesse de la fin rapide de la transition. Cette déclaration choque et relance la polémique sur l’éventuelle prolongation de la transition, qui a déjà suscité des inquiétudes dans une partie de l’opinion publique.
Un double discours : vers une transition à rallonge ?
Le contraste avec ses déclarations passées est frappant. En 2023, il avait affirmé de manière ferme l’engagement du président à respecter le délai de deux ans pour la transition, argumentant qu’il ne reviendrait pas sur cette décision. Pourtant, aujourd’hui, il évoque une période indéterminée, sans fixer de nouveaux contours temporels pour la fin du processus.
Derrière ces contradictions se cache une réalité plus complexe. Alors que le débat sur la fin de la transition fait rage, Ousmane Gaoual Diallo défend une vision de refondation de l’État et de reconstruction qui dépasserait le cadre de deux ans. Dans sa déclaration de ce samedi, il insiste sur des termes comme « rectification institutionnelle », « reconstruction », et la nécessité de remettre le pays sur de « nouvelles bases ». Le ministre a mis l’accent sur la nécessité de « remettre notre société en paix », éloignant ainsi l’idée d’une transition rapide, mais prônant plutôt un prolongement pour un changement profond et durable.
Un discours ambigu et un manque de clarté
Les Guinéens se retrouvent une nouvelle fois dans une situation d’incertitude. D’un côté, Ousmane Gaoual Diallo et le gouvernement appellent à la refondation du pays et à la réconciliation nationale, mais de l’autre, il semble difficile de croire en un engagement ferme pour une transition rapide. Les promesses de fin de transition deviennent floues, et l’ambiguïté du discours gouvernemental nourrit les doutes.
Les citoyens guinéens, fatigués par des années d’instabilité et d’incertitudes politiques, se demandent si la Guinée ne s’achemine pas vers une transition à rallonge, une prolongation des pouvoirs du Président Mamadi Doumbouya, bien au-delà des deux ans initialement prévus. Une perspective qui pourrait susciter des mécontentements et des tensions, déjà palpables dans certains milieux politiques et au sein de la société civile.
Un futur incertain pour la Guinée
Ce changement de ton d’Ousmane Gaoual Diallo est un signal fort et un tournant dans le processus de transition. La Guinée, déjà dans l’attente d’une reprise de la stabilité et du développement, semble encore une fois suspendue à la parole de ses dirigeants. Si la fin de la transition n’est plus aussi certaine qu’avant, les Guinéens devront probablement attendre encore un peu pour comprendre la véritable direction politique que prendra le pays.
Le ministre porte-parole du gouvernement a donc mis le pied dans le plat, et à présent, tout le monde attend des réponses claires. Les prochains mois seront décisifs pour la Guinée, et il reste à savoir si le peuple acceptera cette prolongation ou si de nouveaux défis viendront encore plus diviser la nation.
Laguinee.info