Dans une interview diffusée le 25 décembre sur la télévision publique RTN, le chef de l’État nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a formulé de graves accusations contre la France. Selon lui, cette dernière financerait l’installation de bases militaires dans des pays voisins, notamment au Nigeria, dans le but de déstabiliser le Niger et les nations du Sahel.
Les bases militaires au cœur des tensions
Le général Tiani affirme que la France aurait offert des financements aux autorités nigérianes pour installer une base militaire dans l’État de Borno, situé à la frontière du Niger et du Tchad. Cette initiative, selon ses déclarations, viserait directement à affaiblir les pays voisins et à maintenir une instabilité régionale.
Cette déclaration s’inscrit dans un contexte marqué par des accusations récurrentes. Quelques jours auparavant, le ministère des Affaires étrangères du Niger avait dénoncé, sans mentionner explicitement la France, un complot impliquant l’ancien régime nigérien et certaines puissances étrangères.
Réactions du Nigeria
La diplomatie nigériane a rejeté ces accusations, les qualifiant de « sans fondement ». Elle a également nié toute implication dans des attaques récentes, notamment celle contre le pipeline pétrolier Niger-Bénin survenue le 13 décembre dans la région de Dosso. Selon Niamey, cette attaque aurait été orchestrée par un groupe islamiste connu sous le nom de Lakurawa.
Les liens entre l’ancien régime et le terrorisme
Le général Tiani est allé plus loin en accusant l’ancien régime nigérien d’avoir financé des groupes terroristes actifs sur le territoire. Selon lui, ces groupes auraient reçu des paiements pour perpétrer des attaques ciblées, notamment contre des infrastructures énergétiques reliant le Niger à ses voisins, comme le Bénin.
Une rupture marquée avec l’Occident
Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, le gouvernement militaire dirigé par Abdourahamane Tiani a rompu avec la France, l’Union européenne et d’autres partenaires occidentaux. Il a également mis fin à la présence des forces militaires étrangères sur son sol. Le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont depuis consolidé leurs liens au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), créée pour contrer l’influence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), perçue comme un instrument de l’Occident.
Une crise aux multiples dimensions
Les accusations portées par le général Tiani s’ajoutent à un climat de méfiance croissante entre les États sahéliens et leurs anciens partenaires occidentaux. La région, déjà confrontée à une instabilité sécuritaire et politique, voit ses relations internationales profondément transformées par ces prises de position.
Reste à savoir comment ces allégations, qui interviennent dans un contexte régional tendu, influenceront les dynamiques de coopération et les équilibres de pouvoir au Sahel.