La récusation du juge Yakhouba Conté, en charge du dossier de l’ancien Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana, a provoqué une vive réaction de son équipe de défense. Les avocats, réunis pour un point de presse à la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), dénoncent une démarche qu’ils qualifient de « jeu malsain et déloyal » initiée par le procureur spécial Aly Touré.
Un droit de récusation controversé
Me Dinah Sampil, ancien bâtonnier, a ouvert la conférence en rappelant que la loi permet à toutes les parties d’un procès de demander la récusation d’un juge. Cependant, il déplore l’usage jugé abusif de cette disposition :
« Le droit de récusation existe pour toutes les parties à un procès, parmi lesquelles le procureur spécial. C’est son droit ! Mais comme tout droit, il faut l’exercer dans les règles prévues à cet effet. […] Autoriser Kassory à se soigner ne change pas le contenu du dossier. Mais pourquoi lui refuserait-on cela ? Ce sont des jeux malsains et déloyaux », a-t-il déclaré.
Me Sampil souligne que la décision contestée concerne uniquement l’autorisation d’un traitement médical et ne préjuge en rien du fond de l’affaire.
Une décision critiquée par la défense
Pour Me Sidiki Bérété, la récusation du juge est inadmissible. Il rappelle que l’ordonnance autorisant le transfert médical de Kassory n’a pas été contestée par Aly Touré :
« M. le procureur très spécial, M. Aly Touré, n’a pas fait de recours. Donc la décision d’évacuation de notre client doit être exécutée. […] Par mauvaise foi, il dit qu’on n’a pas indiqué un seul centre. Pourtant, nous avons proposé au moins cinq à six centres. »
Selon Me Bérété, cette récusation retarde délibérément l’exécution de la décision initiale.
Un client paralysé et en souffrance
L’état de santé préoccupant de Dr. Kassory Fofana a également été au centre des discussions. Selon ses avocats, l’ancien Premier ministre souffre d’une paralysie et d’un manque de soins adaptés en détention. Me Bérété dénonce un « chantage » et un « harcèlement » :
« Ça lui fait un an, à peu près six mois, qu’il est à l’hôpital. […] La chambre a ordonné que Kassory se soigne dans un centre approprié. Pourquoi s’y opposer ? »
Quelles conséquences pour la suite ?
Le transfert du dossier au juge Soumah, prévu pour ce jeudi, pourrait rallonger le processus judiciaire. Pendant ce temps, la défense de Kassory accuse le procureur d’entraver l’accès à des soins médicaux vitaux.
Ce nouvel épisode souligne les tensions autour de ce procès, qui suscite un vif intérêt public. La récusation d’un juge est une procédure légale, mais son usage dans des affaires sensibles pose la question de l’équilibre entre droits de la défense et devoirs du ministère public.
La suite des débats à la CRIEF promet de soulever de nouveaux enjeux, tant sur le plan juridique qu’humain.
Laguinee.info