Le dialogue en politique est censé être un outil puissant, une voie royale vers la résolution des conflits et la consolidation de la paix. En Guinée, ce mot a été vidé de son sens. Les appels incessants au dialogue, lancés par ceux qui dirigent, se révèlent n’être que des manœuvres destinées à masquer une absence criante de volonté de changement. À chaque nouvelle crise, le gouvernement récite ce mantra, mais la conclusion est toujours la même : une impasse soigneusement orchestrée par ceux qui tirent les ficelles.
Le dialogue, une stratégie de diversion
Le problème du dialogue en Guinée ne réside pas dans l’idée en elle-même, mais dans son instrumentalisation. Ceux qui appellent au dialogue ne cherchent pas des solutions ; ils cherchent du temps. Ces appels, en apparence bienveillants, sont souvent des outils de diversion politique. Ils permettent de calmer les esprits, de diviser les rangs de l’opposition, et surtout, de donner l’illusion que le pouvoir agit pour l’intérêt général.
Mais le peuple guinéen n’est pas dupe. Les nombreuses tentatives de dialogue initiées ces dernières années se sont toujours heurtées à la même réalité : une absence totale de sincérité de la part des autorités. Le gouvernement organise des rencontres, établit des agendas, mais refuse de lâcher le moindre centimètre de pouvoir. Pire, il s’assure que les discussions restent stériles, tout en continuant à gouverner de manière unilatérale.
Un système verrouillé par le pouvoir
Au cœur de cette mascarade se trouve une organisation du pouvoir qui rend toute véritable concertation impossible. Depuis la mise en place de la Charte de la transition, le CNRD a concentré entre ses mains tous les leviers de décision. «Le gouvernement, censé être un acteur clé du dialogue, n’est qu’un simple exécutant des volontés d’une élite militaire omnipotente», fustige Souleymane Souza KONATÉ, membre de l’opposition.
Dans ce contexte, comment croire que le Premier ministre, figure de proue de ce système verrouillé, puisse sincèrement vouloir dialoguer ? Son soutien inconditionnel au CNRD, malgré les multiples violations des droits humains et la répression des libertés fondamentales, discrédite d’emblée toute prétention à une médiation impartiale. Le dialogue proposé n’est qu’un simulacre, un jeu où les règles sont dictées par ceux qui refusent de partager le pouvoir.
Une opposition face à une mascarade
Pour l’opposition, la solution ne peut pas venir de ces dialogues de façade. «Elle exige une transition claire, immédiate, et civile, sous la supervision d’une médiation internationale neutre», martèle M.Konaté. Cette transition doit être inclusive, impliquer toutes les forces vives de la nation, et garantir des élections libres et transparentes dans les meilleurs délais.
Mais ces revendications sont systématiquement ignorées. À la place, les dirigeants multiplient les promesses vides, alimentent les divisions, et maintiennent un statu quo qui ne profite qu’à eux.
Une mobilisation inévitable
À force de manipulations et de calculs, le pouvoir en place joue avec le feu. La méfiance populaire s’accroît. Le rejet des institutions atteint des sommets. Les citoyens, lassés des discours creux et des solutions illusoires, réclament des actes concrets.
«À partir du 1er janvier, l’opposition a promis une intensification de la mobilisation», lance le conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo. Ce n’est pas une menace en l’air, mais la conséquence logique d’un gouvernement sourd et inflexible. Le peuple guinéen ne demande pas de discours ; il exige des résultats.
Un appel à la vigilance populaire
Le véritable dialogue, celui qui pourrait sortir la Guinée de cette impasse, ne viendra pas des calculs politiques. Il nécessitera une volonté sincère de construire ensemble, de respecter les droits humains, et de répondre aux aspirations des citoyens. Jusqu’à présent, rien ne montre que le pouvoir en place souhaite emprunter cette voie.
Il revient donc au peuple de rester vigilant, de refuser ces mascarades répétées, et de rappeler à ceux qui dirigent que gouverner n’est pas jouer. La Guinée ne peut plus se permettre de perdre du temps dans des dialogues stériles. Le pays mérite un avenir construit sur des bases solides, et non sur des manipulations et des promesses vides.
Laguinee.info