La question divise l’opinion publique et les observateurs de la sphère médiatique en Guinée. Cette polémique a été ravivée par une déclaration de Boubacar Yacine Diallo, président de la Haute Autorité de la Communication (HAC), lors d’une conférence de presse tenue à Kankan, le samedi 21 décembre 2024.
Une annonce qui suscite la confusion
Au cours de cette rencontre, le président de la HAC a annoncé l’envoi prochain d’une mission visant à fermer « toutes les radios illégales » opérant dans la région de Kankan. Cette déclaration a plongé les habitants et les professionnels des médias dans un flou total, d’autant plus qu’elle intervient après des actions similaires menées par le ministère de l’Information et de la Communication.
En effet, il y a peu, la direction régionale de l’information, en collaboration avec l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), avait procédé à la fermeture de quatre radios pour non-conformité administrative. Cette situation soulève donc une interrogation majeure : entre la HAC et le ministère de l’Information, qui a réellement l’autorité légale de fermer des médias en Guinée ?
Des compétences mal définies ?
Selon les textes juridiques qui encadrent le fonctionnement des institutions, la Haute Autorité de la Communication a pour mission principale de réguler et de veiller à la liberté de la presse en Guinée. Elle peut émettre des mises en demeure et sanctionner les organes de presse en cas de manquements graves. Cependant, les fermetures administratives pour défaut de conformité relèvent généralement du ministère de l’Information et de l’ARPT, qui contrôlent les aspects techniques et administratifs des licences d’exploitation.
Cette apparente superposition des prérogatives entre les deux entités crée une confusion parmi les acteurs concernés. Les habitants de Kankan, eux, se demandent si ces actions de fermeture relèvent d’une rivalité institutionnelle ou d’un dysfonctionnement dans l’application des textes.
Un besoin de clarification urgente
Pour éviter de nouvelles controverses, il est impératif que les autorités compétentes clarifient les rôles respectifs de la HAC et du ministère de l’Information. Une telle démarche garantirait non seulement une meilleure coordination entre les deux institutions, mais aussi une plus grande transparence dans la gestion du paysage médiatique guinéen.
En attendant, les habitants de Kankan et les professionnels des médias restent dans l’incertitude, alors que le débat sur la légitimité des fermetures se poursuit. La question reste donc en suspens : qui est réellement habilité à fermer les médias en Guinée ?
De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya, pour Laguinee.info