Lors d’une conférence de presse, le président du Bloc Libéral, Dr Faya Millimono, n’a pas mâché ses mots concernant le projet Simandou. Avec un ton incisif, il a qualifié ce projet de « gros mensonge » et a fustigé les dirigeants passés et présents pour leur incapacité à transformer cette promesse en réalité tangible.
«On ne sait plus dans quoi nous sommes. Les uns nous parlent de refondation. Moi, je ne sais plus ce que cela signifie», a-t-il lancé dès le début, dénonçant le flou total autour de la gouvernance actuelle et des projets annoncés avec tambour et trompette.
Une promesse qui tourne en boucle depuis des décennies
Dr Faya n’a pas manqué de rappeler l’histoire chaotique de Simandou: «Rio Tinto est arrivé en Guinée en 1997. Vers la fin des années Lansana Conté, c’était les femmes de Lansana Conté qui négociaient avec les compagnies minières pour avoir le bloc 1, 2, 3 ou 4 sur Simandou. BRGR en a eu deux blocs. BRGR est passé par le Brésil, voire Valais, qui a accepté de mettre dans sa poche 2 milliards et demi après avoir dépensé quelques millions de dollars en corruption. Beaucoup de personnes avaient commencé à rêver vers la fin des années Lansana Conté que Simandou serait enfin exploité. On n’a pas encore vu Simandou exploité.»
Le projet, selon lui, n’a été qu’une série de slogans répétés à chaque régime: «Lorsque le CNDD est arrivé, on avait aussi parlé de 20 milliards d’investissement pour l’exploitation de Simandou. Aucun sou n’est arrivé. Alpha Condé, durant son règne, en a parlé. Rien n’a changé.»
Des investisseurs qui ne jouent pas les kamikazes
Pour Dr Faya, il est évident que les entreprises minières ne sont pas prêtes à investir dans un projet non rentable dans le contexte économique actuel.
«Est-ce que les gens croient que les investisseurs de Rio Tinto, de BHP Billiton, de Valais, ce sont des gens qui n’ont pas de cerveau ? Ils vont ouvrir Simandou, qui a la meilleure réserve mondiale de fer, au moment où le prix du fer est en chute libre sur le marché international ?»
L’épuisement des ressources : une bombe à retardement
Le président du Bloc Libéral a aussi mis en garde contre la gestion désastreuse des ressources naturelles du pays, qui laisse peu d’espoir aux générations futures.
«Si on a déjà pris un carat de diamant, on prendra un jour le dernier. Si on a déjà pris un gramme de bauxite, un gramme de fer, un jour on prendra le dernier. Mais il faut se poser la question : que deviendront nos enfants ? Parce qu’on n’aura absolument rien fait pour diversifier notre économie.»
Un « scandale agricole » en attente d’exploitation
Pour Dr Faya, la solution réside dans l’agriculture, un domaine que les dirigeants persistent à ignorer malgré son potentiel énorme.
«Nous sommes un scandale agricole. Il suffit qu’on en fasse une priorité. Beaucoup de maladies dont nous souffrons, c’est des produits périmés qu’on déverse en Guinée. À un moment donné, même le carburant, on nous a dit que c’est un carburant périmé ou un mauvais carburant. Le scandale, ça foisonne. Le dernier en date, c’est la douane.»
Il n’a pas hésité à interpeller le président de la transition, Mamadi Doumbouya, sur ses responsabilités.
«J’ai dit au président Mamadi Doumbouya, il y a des choses réelles à faire. Des choses dont le peuple de Guinée attendait de vous. Ce n’est pas du machiavélisme. Quand je regarde Mamadi Doumbouya, je ne vois pas en lui un apprenti de machiavélisme.»
Un appel au réveil national
Avec ses déclarations cinglantes, Dr Faya Millimono a secoué la classe dirigeante et appelé les Guinéens à ouvrir les yeux. Pour lui, tant que des décisions concrètes ne seront pas prises pour diversifier l’économie et prioriser des secteurs comme l’agriculture, les promesses de projets comme Simandou resteront ce qu’elles ont toujours été : des chimères.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info