Lors de son 66e sommet, la CEDEAO a préféré la douceur à la fermeté face à la junte militaire guinéenne, en demandant poliment d’« accélérer » le retour à l’ordre constitutionnel. Une posture accommodante qui inclut un glissement du calendrier électoral initialement prévu, à la grande désillusion de Dr Faya Millimouno, leader du Bloc Libéral (BL).
Le grand écart de la CEDEAO
À moins de deux semaines de la fin théorique de la transition, fixée au 31 décembre 2024 par un accord entre la CEDEAO et le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), l’institution sous-régionale donne l’impression de reculer. Plutôt que de réaffirmer une échéance claire, elle laisse entendre qu’un délai supplémentaire pourrait être envisagé.
Dr Faya Millimouno, jamais avare de mots tranchants, n’a pas mâché ses mots face à ce qu’il perçoit comme un renoncement. « La CEDEAO aurait dû rappeler que le 31, c’est la fin de la transition. Mais elle n’a pas fait cela. C’est là que l’on voit son recul. En Guinée, nous sommes des adultes, et nous n’avons pas peur de la vérité. Dites-la clairement. »
Pour le leader du BL, cette position floue est symptomatique d’une institution qui a perdu son autorité. « Personne autour de cette table n’était présent lorsque la CEDEAO et le CNRD se sont réunis pour signer l’accord. Est-ce qu’un homme politique était là ? Non ! La CEDEAO aurait dû interpeller la junte pour lui dire clairement que le 31 marque une nouvelle réalité pour la Guinée. Mais la CEDEAO est en perte de vitesse », a-t-il martelé.
Le piège du calendrier glissant
Ce recul intervient alors que l’accord prévoyait une transition encadrée par des délais stricts. Pour Faya Millimouno, toute modification de ce calendrier est une capitulation devant la junte, qui pourrait bien en profiter pour prolonger son règne militaire.
Face à cette inertie, le leader du BL propose une solution radicale : la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, exclusivement chargé d’organiser les élections et de boucler la transition d’ici au 31 décembre 2025.
Dansa Kourouma dans le viseur
Dans une autre pique lancée sur la scène publique, Dr Faya Millimouno a également ciblé l’attitude du président du Conseil national de la transition (CNT), Dansa Kourouma. « Si nous attendons un projet de Constitution de Dansa Kourouma, nous ne l’aurons jamais », a-t-il déclaré, pointant du doigt ce qu’il considère comme une absence de progrès réel dans l’élaboration du cadre juridique nécessaire au retour à l’ordre constitutionnel.
Une transition sans fin en vue ?
La CEDEAO, en tentant de ménager la chèvre et le chou, pourrait bien aggraver la crise guinéenne. En choisissant de ne pas tenir tête à la junte, elle envoie, selon Faya Millimouno, un signal inquiétant à tous ceux qui espéraient un retour rapide à un régime civil.
Mais en Guinée, les citoyens, comme leur leader incisif, ne semblent plus disposés à attendre. Si la CEDEAO joue la montre, l’horloge politique guinéenne, elle, continue de tourner. Et selon Dr Faya, l’heure est venue pour la vérité, sans détour ni artifice.
Laguinee.info