Lors d’une récente session budgétaire au Conseil National de la Transition (CNT), Mamadou Thug, humoriste et conseiller au CNT, a lancé un appel vibrant en faveur de la valorisation du cinéma guinéen. À travers un plaidoyer incisif, il a exhorté les autorités à accorder une réelle attention au secteur culturel, en particulier au 7ᵉ art, qu’il considère comme un vecteur essentiel de développement économique et identitaire.
Le cinéma, un levier économique sous-exploité
Dans son intervention, Mamadou Thug a souligné que le gouvernement guinéen privilégie certains événements, qu’il qualifie de « propagande », au détriment d’initiatives qui pourraient réellement profiter à la communauté. Selon lui, cette approche est un frein au développement du secteur cinématographique en Guinée, un domaine pourtant riche en opportunités.
« Il faut qu’on fasse la différence entre un événement de propagande et un festival qui donne un plus à la communauté, aux acteurs titulaires, et à la population », a-t-il déclaré, appelant à un changement de paradigme dans les choix politiques en matière culturelle.
L’humoriste a pris l’exemple du Nigéria, où le cinéma est le deuxième plus grand pourvoyeur d’emplois après le secteur pétrolier. « Si l’État guinéen pense que tout va se faire avec la bauxite et le diamant, même avec l’idéal de Simandou 2040, c’est une erreur », a-t-il martelé, insistant sur la nécessité de diversifier l’économie à travers des secteurs porteurs comme la culture.
La culture, pilier de l’identité nationale
Pour Mamadou Thug, la valorisation de la culture est une condition sine qua non pour le développement de la Guinée. Il a dénoncé la marginalisation systématique de ce secteur par les gouvernements successifs, qu’il qualifie de « parents pauvres » des politiques publiques.
« On ne peut rien apporter à ce pays si on ne valorise pas notre identité culturelle », a-t-il affirmé avec conviction, soulignant que le cinéma et les arts en général sont des moyens puissants pour promouvoir les valeurs guinéennes tout en réduisant le chômage.
Une faible considération pour les artistes
L’humoriste a également dénoncé la perception négative des artistes en Guinée, estimant que ces derniers sont souvent déconsidérés par les dirigeants. « Quand on dit que tu es un artiste, on te regarde de haut. Mais par le débat, ils finissent par comprendre », a-t-il ajouté, confiant dans la force des échanges pour renverser cette tendance.
Un appel au sursaut
Le discours de Mamadou Thug sonne comme un rappel à l’ordre : la Guinée ne peut espérer prospérer sans investir dans sa richesse culturelle. En faisant du cinéma une priorité, les autorités pourraient non seulement dynamiser un secteur prometteur, mais également offrir une alternative crédible aux jeunes en quête d’emploi et d’opportunités.
Reste à savoir si cet appel sera entendu par les décideurs.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info