Ce mois de décembre 2024, les autorités guinéennes ont décidé de rapatrier les ressortissants sierra-léonais en situation irrégulière. Une décision qui, en soi, aurait pu être salutaire si elle n’était pas si précipitée et mal pensée. Plutôt qu’un acte héroïque, cette mesure semble davantage une tentative désespérée de redorer l’image d’un gouvernement pris de court. Mais au-delà de l’effet d’annonce, la question qui brûle les lèvres est : pourquoi ce rapatriement brutal, et surtout pourquoi maintenant ?
Pourquoi tant d’années d’inaction ? Pourquoi avoir laissé la situation se détériorer avant de sortir ce coup de com’ opportuniste ? La réponse semble évidente : une gestion administrative plus que laxiste, des frontières ouvertes comme des portes de grange et une administration plus occupée à s’autocélébrer qu’à prendre ses responsabilités. La question qui s’impose est de savoir comment ces milliers de ressortissants se sont retrouvés dans le pays en toute tranquillité, sans être interceptés par les services de sécurité pourtant censés être là pour garantir l’intégrité du territoire.
Le manque de rigueur dans la délivrance des documents administratifs et l’absence totale de contrôle aux frontières sont à la fois la cause et l’illustration de cette dérive. La corruption, complice de ce laxisme, a ouvert grand les portes de la Guinée à n’importe qui, n’importe comment. La conséquence directe est cette arrivée massive et incontrôlée qui aujourd’hui choque les autorités… mais qui ne choque pas du tout ceux qui, par leur incompétence, ont permis à ce scénario de se dérouler.
Mais au-delà de la simple question interne, qu’en est-il des relations entre la Guinée et la Sierra Leone ? Ce rapatriement soudain n’aura-t-il pas des conséquences diplomatiques fâcheuses, mettant à mal des liens qui devraient être basés sur la coopération régionale, comme le prévoit la CEDEAO ? Cette décision unilatérale risque de renforcer l’image d’un pays dont les actions, plutôt que de promouvoir l’intégration africaine, semblent se focaliser sur une politique de repli nationaliste et maladroit.
Et quid des Guinéens résidents en Sierra Leone ? Seront-ils également victimes d’une réciprocité mal venue ? On voit mal comment une telle mesure, aussi mal maîtrisée, pourrait favoriser un climat de confiance entre les deux nations. Au contraire, elle pourrait attiser des rancœurs, créer des tensions inutiles et détériorer des relations qui, dans le contexte actuel, auraient dû être renforcées.
Au final, ce rapatriement n’est qu’un autre exemple d’une gestion déficiente de l’immigration en Guinée, fruit d’un système où l’on réagit sous pression plutôt que de prendre des mesures anticipatives et réfléchies. Si ce n’est pas la corruption qui est en cause, c’est l’incompétence qui continue de faire la pluie et le beau temps. La Guinée mérite mieux que des réponses hâtives et des actions superficielles. Elle a besoin d’une véritable politique de gestion des frontières, d’une administration rigoureuse et d’une vision claire de l’intégration régionale, loin de cette politique des décisions à la hâte.
Laguinee.info