En Guinée, la transition politique amorcée après la prise de pouvoir par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ne respectera pas l’échéance du 31 décembre 2024. Cette prolongation, en contradiction avec les engagements pris devant la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), est pleinement assumée par les autorités.
Les justifications du pouvoir
Les dirigeants guinéens expliquent ce retard par les défis liés à l’exécution de la charte de transition. Selon eux, le pays est encore à une phase cruciale de la « refondation » de l’État, un processus qu’ils jugent prioritaire. Pour la junte, la mise en œuvre des réformes nécessaires et des conditions pour une stabilité durable exige du temps. Les délais initiaux sont ainsi relégués au second plan.
Un calendrier au point mort
Les étapes clés vers un retour à l’ordre constitutionnel semblent suspendues. Le référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution, pierre angulaire de la transition, n’a toujours pas eu lieu. Or, cette nouvelle loi fondamentale est indispensable pour l’organisation des élections présidentielles, initialement prévues en 2025. Ce statu quo alimente les doutes sur la réelle volonté du pouvoir de respecter son engagement envers la CEDEAO.
Une opposition en alerte
Face à ce glissement, l’opposition monte au créneau. Les leaders politiques accusent les autorités de mener une campagne tacite pour promouvoir la candidature du général Mamadi Doumbouya à la future présidentielle. Une perspective qu’ils rejettent fermement, dénonçant une confiscation prolongée du pouvoir par les militaires.
Les opposants ont annoncé qu’ils ne reconnaîtront plus la légitimité de la junte au-delà du 31 décembre. Ils prévoient d’appeler la population à descendre dans la rue pour exiger le départ des militaires, au risque d’exacerber les tensions politiques et sociales.
Entre refondation et instabilité
Alors que le pouvoir met en avant son ambition de réformer l’État en profondeur, l’incertitude grandit quant à la suite du processus de transition. Entre aspirations à une refondation et soupçons de dérive autoritaire, la Guinée semble s’engager sur une voie incertaine où les échéances politiques restent floues.
Laguinee.info