mercredi, décembre 18, 2024
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Divorce CEDEAO-AES: Qui perd quoi?

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Le 66e Sommet extraordinaire de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui s’est tenu à Abuja ce 15 décembre 2024, a accouché d’une décision historique. Les dirigeants ouest-africains ont acté le divorce politique et institutionnel avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, regroupés sous la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES). À partir du 29 janvier 2025, ces trois nations, dirigées par des juntes militaires, ne seront plus membres du bloc régional.

Une rupture annoncée

Le ton avait été donné bien avant ce sommet : les pays de l’AES avaient clairement signifié leur intention de quitter la CEDEAO, qualifiant leur décision « d’irréversible ». Si certains s’attendaient à des pourparlers pour désamorcer la crise, les chefs d’État présents à Abuja ont plutôt pris acte de cette séparation, officialisant ainsi la première fracture majeure au sein de l’organisation régionale depuis sa création en 1975.

Une période transitoire incertaine

Cependant, la CEDEAO n’a pas totalement fermé la porte au dialogue. Du 29 janvier au 29 juillet 2025, une période transitoire sera mise en place pour permettre aux pays de l’AES de revenir sur leur décision. Passé ce délai, si aucune réintégration n’est actée, la rupture deviendra définitive. Le président de la Commission de la CEDEAO a été chargé de piloter cette période de transition, un mandat qui s’annonce aussi délicat que politique.

CEDEAO-AES : Qui perd quoi ?

Le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO soulève des questions stratégiques majeures. Ces pays, bien qu’en proie à des crises politiques et sécuritaires, représentent un verrou géopolitique clé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. La CEDEAO, qui peine déjà à asseoir son autorité face aux sanctions économiques largement contestées, risque de voir son influence diminuer sur la scène régionale et internationale.

Du côté de l’AES, ce départ pourrait être perçu comme un acte de souveraineté, mais aussi comme un saut dans l’inconnu. En se séparant de la CEDEAO, ces nations se privent des mécanismes économiques et financiers qui, bien que critiqués, ont contribué à stabiliser la région. L’AES pourra-t-elle se structurer en une entité viable et indépendante ? Le doute plane, et les conséquences risquent d’être aussi imprévisibles qu’irréversibles.

Une leçon à méditer

La fracture CEDEAO-AES est un signal fort des tensions qui minent les blocs régionaux en Afrique. Ce divorce, s’il se confirme, marque un précédent dangereux pour une région qui se veut unie mais qui, dans les faits, semble de plus en plus fragmentée. Abuja a peut-être acté un divorce, mais le prix à payer, tant pour la CEDEAO que pour l’AES, risque d’être bien plus élevé qu’anticipé.

Le rendez-vous est désormais fixé au 29 juillet 2025. En attendant, l’Afrique de l’Ouest retient son souffle, entre incertitudes et espoirs d’une réconciliation improbable.

 

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