mercredi, décembre 18, 2024
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La CEDEAO en eaux troubles : quand le Sahel largue les amarres

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Il semble que la CEDEAO ait du mal à accepter la réalité de la situation : l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger, a décidé de tourner le dos à cette organisation, et cette rupture, selon les autorités militaires des trois pays, est « irréversible ». Les discussions de dernière minute pour éviter le divorce n’auront donc pas suffi, et c’est avec une certaine ironie que l’on observe cette situation où l’orgueil institutionnel se heurte aux réalités politiques du terrain.

La décision de ces trois pays, qui dénoncent l’influence de la France dans les affaires régionales et les insuffisances de la CEDEAO face aux crises sécuritaires, marque un tournant dans la dynamique de l’Afrique de l’Ouest. L’organisation, autrefois perçue comme un modèle de coopération régionale, se trouve désormais confrontée à un défi de taille : comment préserver son autorité et son unité face à la révolte de ses propres membres ? L’annonce de la sortie de la CEDEAO en janvier 2025, après une année de préparation, semble être la réponse définitive à la question.

Malgré les efforts du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, désigné médiateur pour maintenir les trois pays au sein de l’organisation, la rupture apparaît désormais comme une issue inévitable. Les relations entre la CEDEAO et l’AES se sont détériorées après les coups d’État successifs dans la région, notamment au Niger, ce qui a contribué à un sentiment croissant d’abandon chez les gouvernements des trois pays. Pour eux, la CEDEAO n’a pas su répondre de manière adéquate aux défis sécuritaires et économiques de la région, exacerbant ainsi le fossé entre les deux entités.

Mais la situation n’est pas simplement une question de gestion de crise : elle soulève aussi des interrogations sur le rôle réel de la CEDEAO dans la région. Si l’organisation a agi avec fermeté, en imposant des sanctions économiques et en menaçant d’intervenir militairement, ces actions ont visiblement échoué à gagner le soutien des pays concernés. La relation entre la CEDEAO et ces trois pays semble avoir été marquée par une intransigeance politique, où les solutions imposées ont été perçues comme inefficaces, voire contre-productives.

D’un autre côté, l’AES a renforcé ses liens en interne, en signant des accords visant à faciliter la libre circulation des personnes et des biens entre ses membres, tout en cherchant à diversifier ses alliances, notamment avec la Russie. Ce tournant géopolitique montre que l’AES n’a pas seulement rejeté la CEDEAO, mais qu’il a aussi choisi de se rapprocher de partenaires jugés plus « sincères » dans leur soutien aux États du Sahel.

La CEDEAO, après cette rupture, devra non seulement réfléchir à la manière de préserver son intégrité face à l’émergence de nouveaux blocs régionaux, mais aussi à la pertinence de ses actions face à des réalités politiques et sociales complexes. Si l’organisation souhaite éviter d’autres pertes, elle devra repenser ses méthodes et, peut-être, admettre que sa position de leadership ne doit pas être dictée par l’orgueil, mais par une réelle capacité à répondre aux préoccupations et aux aspirations de ses membres. La balle est désormais dans son camp, mais la question reste : combien de pays devront encore quitter l’orchestre avant qu’elle ne trouve la bonne note ?

 

Laguinee.info

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