Le respect des droits sous la transition en question
A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, les défenseurs des libertés fondamentales en Guinée ont dressé un tableau sombre du respect des droits sous l’ère de la transition dirigée par Mamadi Doumbouya. Si certains aspects sont salués, les inquiétudes restent vives face à des pratiques jugées contraires aux principes démocratiques.
Une charte porteuse d’espoirs
Mamadou Kaly Diallo, défenseur des droits de l’homme, a tenu à rappeler l’importance de la Charte de la transition, qui réaffirme les libertés fondamentales.
« La Charte consacre la reconnaissance et la jouissance des libertés publiques et des droits fondamentaux, en conformité avec la Déclaration universelle des droits de l’homme », a-t-il souligné, saluant cette disposition comme une avancée notable.
Manifestations interdites et libertés restreintes
Malgré ce cadre juridique prometteur, Mamadou Kaly Diallo déplore des atteintes flagrantes aux droits, notamment l’interdiction systématique des manifestations pacifiques et la fermeture de médias critiques envers les autorités.
« La manifestation pacifique est l’oxygène de toute démocratie. Or, cette forme d’expression est systématiquement interdite, et des médias critiques voient leurs licences retirées, en violation de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme », dénonce-t-il.
Arrestations arbitraires et disparitions forcées
Thierno Souleymane Baldé, avocat et président de l’Institut de Recherche sur la Démocratie et l’État de Droit (IRDED), évoque une escalade inquiétante avec des disparitions forcées.
« La Guinée n’avait jamais connu de telles violations auparavant. Arrêter un citoyen et le détenir dans des lieux non prévus par la loi constitue une atteinte grave aux droits humains », s’indigne-t-il, tout en soulignant que cette pratique menace tous les citoyens sans distinction.
Morts en détention : une dérive préoccupante
Les décès en détention suscitent également des interrogations. Mamadou Kaly Diallo cite des cas récents, comme celui du colonel Célestin et d’un médecin à Kankan, qui illustrent, selon lui, un manquement au respect des lois et une atteinte à la dignité humaine.
« L’État de droit doit garantir le respect strict des règles. Ces décès en détention sont des indicateurs alarmants de l’état des droits humains dans notre pays », martèle-t-il.
Un appel à la cohésion sociale et à la justice
Pour ces défenseurs des droits, la situation actuelle met en péril non seulement les libertés individuelles, mais aussi la cohésion sociale et le développement économique de la Guinée.
La Journée internationale des droits de l’homme aura ainsi servi de plateforme pour rappeler que, malgré les défis, les droits fondamentaux restent la pierre angulaire de toute société aspirant à la justice et à la démocratie.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info