Depuis plusieurs mois, la Guinée est marquée par des enlèvements et des arrestations qui suscitent de vives inquiétudes. Deux activistes de la société civile sont portés disparus, et le journaliste Habib Marouane aurait été enlevé par des gendarmes. Face à ces faits troublants, l’État se déclare non impliqué et affirme avoir ouvert des enquêtes qui, jusqu’ici, n’ont donné aucun résultat concret.
Ce lundi, Laguinee.info a recueilli les réactions des jeunes de Kountia, une localité proche de Conakry. Leurs témoignages révèlent un profond malaise face à cette situation.
« Les promesses des autorités ne tiennent plus »
Pour Mahfouz, les dirigeants actuels, issus de la transition, ne respectent pas les engagements pris lors de leur arrivée au pouvoir.
« Je dirai juste que par rapport aux dits des dignitaires de cette transition en prenant le pouvoir, ce n’étaient que des paroles en l’air qui ne tiennent plus. Les réalités sur le terrain, depuis un certain moment, vont à l’encontre de la logique. Avec ce rythme, le peuple de Guinée doit craindre et faire beaucoup attention. De tels tempéraments peuvent conduire au pire à tout moment », martèle-t-il.
« Des enquêtes sans résultat et un risque de révolte »
Oumar dénonce un manque de volonté des autorités pour résoudre ces affaires, et il met en garde contre les conséquences possibles.
« Nous sommes dans une période transitoire. Il y a assez d’enlèvements et de kidnappings dans le pays. Et puis, le pire, l’État, qui est censé protéger ses citoyens, dit qu’il ne connaît pas les auteurs. Pourtant, des citoyens témoignent que ce sont des gendarmes qui enlèvent des gens comme Foniké Manguè, Billo et le journaliste Marouane. L’État annonce des enquêtes, mais qui a une fois vu le résultat de ces enquêtes en Guinée ? Personne. Ces genres de comportements peuvent créer des révoltes dans la société contre les militaires. Ils ne sont pas élus, c’est par la force qu’ils ont accédé au pouvoir. La révolte populaire n’est pas bonne dans un pays. Il faut éviter tous les comportements qui peuvent être à la base de cela. »
« Une stratégie de maintien au pouvoir par la force »
Selon Latif, ces enlèvements et arrestations reflètent une stratégie des autorités militaires pour neutraliser leurs opposants.
« Nous vivons dans une période de transition. La junte, aujourd’hui, n’a plus la popularité qu’elle avait au lendemain du coup d’État. Donc, pour se maintenir au pouvoir, ils usent de la force pour dissuader les gens de les critiquer. C’est pourquoi des médias sont fermés, des enlèvements et des arrestations pour des destinations inconnues sont récurrentes. Ils font tout ça pour se maintenir au pouvoir à long terme. »
Une inquiétude grandissante
Ces témoignages illustrent l’angoisse des citoyens face à l’insécurité grandissante et au manque de transparence des autorités. Entre promesses non tenues, enquêtes sans aboutissement et soupçons d’intimidation, les jeunes de Kountia expriment des craintes pour l’avenir de la transition en Guinée.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info.