Dans une intervention révélatrice, Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral, dénonce la lenteur de la réforme judiciaire sous le CNRD, mettant en lumière l’inefficacité de la CRIEF et une insécurité croissante. Une critique acerbe mais juste.
Les promesses de justice, à sens unique ?
Le CNRD, en prenant le pouvoir, avait promis de restaurer la justice en Guinée. Et, comme tout bon discours politique, il a suffi de quelques mots bien choisis pour faire naître l’espoir. Le président du Bloc Libéral, Dr Faya Millimono, se souvient de cette vague d’optimisme après la prise de pouvoir : «La justice sera la boussole du pays», disait-on. Mais, après plusieurs mois de transition, il semble que la boussole soit plutôt en mode défaillant, si ce n’est carrément perdue.
«Le peuple attendait beaucoup de réformes en matière de justice», rappelle Millimono. Si les intentions étaient nobles, la réalité semble être tout autre. On dirait bien que les promesses se sont égarées dans le même labyrinthe que les réformes précédentes.
La justice sans preuves, ça fait débat
Dr Millimono n’a pas mâché ses mots concernant la question des incarcérations sans preuves, une pratique qui semble être un sport national en Guinée. «Pourquoi maintenir des gens en prison sans preuves ? Accuser, c’est bien. Prouver, c’est mieu», souligne-t-il, adoptant un ton à la fois ferme et désabusé.
C’est un fait, la justice guinéenne semble avoir oublié que l’accusation sans preuves n’est qu’une rumeur déguisée en enquête. Mais peut-être qu’en Guinée, la présomption d’innocence est un concept optionnel ?
La CRIEF : une promesse sans ressources
Quant à la création de la CRIEF, Millimono la considère comme un « bon début », mais déplore le manque de moyens qui empêche cette institution de fonctionner correctement. À entendre le président du Bloc Libéral, la CRIEF ressemble plus à une coquille vide qu’à une véritable cour de répression. «Pour retracer l’argent sale, il faut de l’expertise», dit-il. Et, en Guinée, on se demande si l’expertise en question a survécu à la transition ou si elle est partie en exil avec les moyens nécessaires.
Deux poids, deux mesures : la justice des privilégiés ?
Le président du Bloc Libéral dénonce aussi une justice à deux vitesses. Il est étonnant de voir comment certains peuvent passer des mois, voire des années, en détention sans jugement, tandis que d’autres semblent bénéficier d’une justice express. «On peut difficilement accepter qu’on garde quelqu’un en prison pendant deux ans sans le juger», fustige-t-il. Mais bon, apparemment, en Guinée, les juges ont la patience d’un moine bouddhiste – sauf quand il s’agit de quelqu’un avec des relations, bien sûr.
L’insécurité : le cadeau inattendu de la transition
Et comme si la justice ne suffisait pas, Millimono met également le doigt sur un autre fléau : l’insécurité. Kidnappings, disparitions et arrestations mystérieuses sont devenus des événements quotidiens. Le président du Bloc Libéral n’hésite pas à pointer l’incapacité de l’État à garantir la sécurité des citoyens. «L’insécurité est galopante», déclare-t-il, avec une clairvoyance qui semble faire défaut à ceux qui sont censés protéger la population.
Le dernier exemple en date : la disparition d’un journaliste. Selon Millimono, «les adultes ont le droit de disparaître». Un triste constat pour un pays qui se veut stable, mais qui semble coincé dans un tourbillon d’insécurité et d’impuissance.
Une transition sans boussole ?
En fin de compte, Dr Faya Millimono résume la situation guinéenne de manière assez simple : des promesses non tenues, une justice qui peine à trouver sa voie, et un pays où l’insécurité est devenue la norme. Un cocktail détonnant qui risque de laisser un goût amer dans la bouche de ceux qui espéraient mieux. Peut-être qu’un jour, la Guinée trouvera sa boussole. Mais à ce rythme, il est fort probable qu’elle soit encore coincée dans le tiroir.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info