Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale, condamné à quatre ans de prison, devient le symbole d’une justice accusée de partialité par l’opposition.
La Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a décidé avec la condamnation d’Amadou Damaro Camara et Michel Kamano, ancien président et 1er questeur de l’Assemblée nationale sous le régime d’Alpha Condé. Il ont été reconnus coupable de détournement de deniers publics.
Du côté de l’ancien parti au pouvoir tout dans les rangs des partis opposés au régime de la transition comme l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, les voix s’élèvent.
Pour Cellou Dalein Diallo, leader de l’UFDG, cette sentence n’a rien de juste. « La justice est caporalisée, instrumentalisée pour éliminer les acteurs politiques qui pourraient menacer le pouvoir en place », dénonce-t-il avec véhémence dans une interview accordée à Global Africa TéléSud.
Derrière cette condamnation, l’opposition voit une stratégie claire : neutraliser les figures susceptibles de rivaliser dans les urnes ou de contester l’autorité de la junte. Une accusation qui résonne dans un contexte de tensions politiques croissantes.
Une chasse aux opposants ?
Amadou Damaro Camara n’est pas une exception. Depuis avril 2022, des figures emblématiques comme Dr Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre, et Dr Mohamed Diané, ex-ministre de la Défense, sont derrière les barreaux. Officiellement, il s’agit d’une lutte contre la corruption. Officieusement, selon Cellou Dalein, c’est une purge politique.
Il insiste sur le non-respect de la présomption d’innocence des personnes impliquées : « Ces hommes sont détenus sans bénéficier de la présomption d’innocence. On piétine leurs droits, et la junte s’éloigne de ses promesses de justice impartiale. » Une justice qui, selon l’ancien Premier, au lieu d’être un pilier de la transition, devient une arme au service du pouvoir.
Des pratiques plus répressives qu’avant ?
Pour Cellou Dalein Diallo, la situation actuelle est pire que sous Alpha Condé. « Aujourd’hui, tout est suspect. La justice est à genoux, aux ordres. L’indépendance judiciaire promise par la junte n’était qu’un mirage. C’est une régression totale », fustige-t-il.
Il pense que cette situation alarmante souligne une rupture entre les engagements initiaux du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) et la réalité actuelle, où l’état de droit semble étouffé par des intérêts politiques.
Laguinee.info