vendredi, avril 18, 2025
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Transition en Guinée: Le CNRD face à sa propre peur

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En Guinée, l’Histoire semble s’écrire et se réécrire dans un cycle infernal où la répression se fait la réponse systématique à toute expression de désaccord. Mais en 2024, peut-on encore croire que le silence forcé des critiques construira une nation forte et prospère ? Cette question s’impose alors que les enlèvements récurrents d’opposants, de journalistes et de citoyens engagés viennent ternir le tableau d’une transition déjà controversée.

Le dernier cas, celui du journaliste Habib Marouane Camara, a tout d’un scénario à la Kafka. Camara, connu pour ses critiques incisives et ses enquêtes méticuleuses, rejoint une liste grandissante de disparus temporaires ou permanents, réduits au silence par des moyens d’un autre âge. Et maintenant, c’est au tour d’Aliou Bah, leader du MoDeL, d’entrer dans le viseur…, selon des sources concordantes. Alors, encore une fois, de quoi le CNRD a-t-il peur ?

Dans un régime qui se prétend porteur de changement, la critique devrait être vue comme un moteur, non comme une menace. Mais à Conakry, la critique devient l’ennemi à abattre. Pourquoi ? Parce que la vérité, dite avec courage, dérange ceux qui préfèrent la paille confortable des discours à sens unique. Parce que la parole libre agit comme un miroir cruel pour un pouvoir obsédé par le contrôle et incapable d’accepter ses propres failles.

Le CNRD, qui avait promis un retour à l’état de droit, semble aujourd’hui pris au piège de ses propres dérives. Chaque enlèvement, chaque menace, chaque tentative d’étouffer les voix dissonantes est un coup porté à la crédibilité de la transition. Mais surtout, c’est un acte qui trahit une peur profonde : celle de perdre la bataille des idées.

Aliou Bah, depuis la France, a répondu avec une détermination sereine, rappelant que la lutte pour la démocratie est une mission noble, mais dangereuse dans un pays où la politique ressemble souvent à un champ de mines. En ciblant des figures comme lui, le CNRD pense peut-être envoyer un message d’intimidation. Mais ce qu’il récolte, c’est une solidarité accrue des citoyens et une attention internationale croissante sur ses agissements.

Le CNRD ferait bien de se poser une question : que restera-t-il de son héritage si tout ce que les Guinéens retiennent de cette transition, c’est la peur et le silence imposés par la force ? Une transition ne se mesure pas à la longueur des discours officiels ou au nombre de meetings étouffés, mais à sa capacité à écouter, à inclure et à respecter ceux qui osent penser différemment.

Alors, de quoi le CNRD a-t-il peur ? De la vérité ? De la liberté ? Ou simplement de lui-même ? Une chose est certaine : l’Histoire, toujours impitoyable, finira par juger. Et elle est rarement tendre avec ceux qui choisissent le chemin de l’oppression.

 

Laguinee.info

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