Ce samedi 7 décembre 2024 marque un tournant dans l’affaire qui secoue la Direction générale des douanes guinéennes. Le général de division Moussa Camara, directeur général des douanes, et son adjoint, le colonel Macky Agreby Diallo, ont été placés en détention préventive à la maison centrale de Conakry, selon mosaïqueguinee.com.
Aussi, le journaliste Abdoul Latif Diallo a -il donné l’information sur son compte Facebook :«Le directeur général de la douane et son adjoint ont été conduits à la maison centrale», a-t-il écrit brièvement sans donner de détails.
Cette décision fait suite à l’émission d’un mandat de dépôt par la chambre de l’instruction de la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières), au terme de plusieurs heures d’audition.
De lourdes accusations
Les deux hauts responsables sont inculpés pour des faits graves : faux et usage de faux, corruption, détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et complicité. Selon des sources proches du dossier, les auditions ont révélé des éléments accablants mettant en cause leur gestion des affaires publiques.
Et les autres accusés ?
Selon notre source, cette affaire ne s’arrête pas à ces deux figures emblématiques. Neuf autres hauts cadres de la Direction générale des douanes seraient également dans le collimateur de la justice. Les prochaines auditions permettront d’établir leur implication dans ce dossier tentaculaire.
Le 20 novembre dernier, Abdoul Latif, journaliste, avait publié sur cette affaire :
«Scandale à la Douane : Plus de 100 Millions de Dollars évaporés
Douaniers ou cow-boys ? Sous la gouvernance du CNRD, les scandales financiers ne cessent de fleurir, se succédant à un rythme qui ferait pâlir les plus prolifiques des braqueurs de banque.
Cette fois-ci, c’est au cœur de la douane que le chaos s’installe, avec une disparition rocambolesque de plus de 900 milliards de francs guinéens, soit environ 100 millions de dollars.
Une vingtaine de douaniers ont été récemment interpellés par la gendarmerie et soumis à des auditions pour leur rôle supposé dans ce détournement spectaculaire.
Selon une source proche du dossier, tout repose sur une faille soigneusement exploitée dans le système des lignes de crédit douanières.
En vertu d’une loi douanière, les transitaires agréés peuvent bénéficier de lignes de crédit leur permettant de faire transiter des marchandises pour leurs clients.
Ils disposent d’un délai de 30 jours pour régler les frais correspondants. Mais, comme tout bon cowboy qui se respecte, certains douaniers ont flairé l’opportunité de transformer ce mécanisme en machine à cash.
Le modus operandi ? Accorder des lignes de crédit de plusieurs milliards à des complices transitaires, parfois jusqu’à 10 milliards. Ensuite, ces derniers ne remboursent que la moitié de la somme à l’État, soit 5 milliards. Et les 5 autres ? Direction les poches bien profondes des protagonistes du réseau.
Le réseau démantelé implique plusieurs hauts responsables de la douane, mais l’enthousiasme du peuple pour une justice rapide est pratiquement nul.
À raison. Les scandales financiers précédents, qu’il s’agisse de milliards détournés ou de fonds publics mystifiés, se sont souvent soldés par une impunité totale.
Le président de la transition, jadis présenté comme le chevalier blanc de la lutte contre la corruption, à une main étrangement fragile lorsqu’il s’agit de frapper sur ces dossiers brûlants.
Comme le dirait un observateur désabusé : « Pourquoi prendre des risques quand on peut juste fermer les yeux ? »
En attendant, le peuple guinéen regarde ce feuilleton financier avec lassitude. Pas de fin heureuse en vue, juste un épisode de plus dans une série sans fin intitulée « La Guinée et ses milliards perdus ».