samedi, avril 19, 2025
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Lettre au Président Mamadi Doumbouya

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Monsieur le Président,  

Permettez-moi de vous adresser ces quelques lignes, non pas pour vous flatter de manière servile – ce genre d’exercice étant réservé à ceux qui croient encore que l’éloge est la meilleure voie pour se faire entendre – mais plutôt pour vous alerter, dans un esprit constructif, sur la réalité de vos « amis ». Oui, ces mêmes « amis » qui, lorsque le soleil brille, se précipitent pour jouer dans votre ombre, clamant à qui veut l’entendre leur soutien inébranlable. Mais, et c’est là toute la question, où sont-ils quand les nuages se forment et que la tempête commence à souffler ?

Monsieur le Président,

Regardez donc N’zérékoré, ce drame qui a retenu l’attention de la nation et du monde entier. Pendant que le pays attend des réponses et que les regards se tournent vers ceux qui sont censés prendre leurs responsabilités, qui donc se cache dans l’ombre ? Qui donc a disparu ? Les mêmes qui chantaient vos louanges sur les ondes et les réseaux sociaux, les mêmes qui remplissaient les stades et les rues pour glorifier votre nom. Mais voilà, une fois que le vent tourne et que l’urgence se fait sentir, ces « soutiens » n’ont plus la moindre trace de courage. Là où leurs voix devraient résonner, il ne reste plus que le silence. Leurs tweets ? Disparus. Leurs vidéos ? Éclipsées. Quant à leurs prières bruyantes pour votre succès, elles semblent avoir trouvé une destination moins bruyante.

Est-ce cela, l’amitié ? Est-ce ainsi que l’on reconnaît les vrais alliés ? Ne vous y trompez pas, Monsieur le Président : ceux qui vous soutiennent avec des slogans enflammés sont souvent les mêmes qui, au moindre coup de vent, se réfugient dans des recoins obscurs, espérant que le vent de la critique n’atteigne pas leur peau. Vous pensiez qu’en organisant des tournois à votre nom et en multipliant les déclarations de soutien, vous faisiez face à une véritable fraternité ? Détrompez-vous. Il y a une différence entre l’amour affiché pour la caméra et l’engagement qui résiste aux épreuves.

C’est là que les leçons des anciens dirigeants devraient vous servir. Moussa Dadis Camara, que vous connaissez bien, en a fait l’expérience. Un jour, il était l’objet de toutes les louanges, le lendemain, il se retrouvait sans la moindre oreille attentive lorsque la situation se dégradait. Alpha Condé, qui a vu son pouvoir se dissoudre comme un sucre dans l’eau, a lui aussi appris à ses dépens qu’il n’y a rien de plus fragile que l’amour des foules quand la moindre brise vient perturber le calme apparent. Vous, Monsieur le Président, vous pensiez peut-être que la chanson serait différente ? Que vous seriez l’exception ?

La vérité, Monsieur le Président, c’est que vos « amis » du moment sont aussi loyaux qu’un mirage. Tant que vous êtes le centre de l’attention et de la scène, ils se pressent autour de vous, applaudissent et hurlent des slogans. Mais lorsque la lumière diminue et que la scène se vide, vous vous retrouvez seul, sans ceux qui auraient dû vous soutenir. C’est là que l’on mesure la valeur des véritables alliés. Ceux qui, sans fanfare, vous aideront à surmonter les moments difficiles, même si cela ne fait pas la une des journaux.

Je vous en prie, ne vous fiez pas à ces « amitiés » de façade. Cherchez plutôt à être entouré de ceux qui, dans l’ombre, travaillent pour vous. Ceux qui, même quand les projecteurs s’éteignent, restent là, aux côtés de la vérité. Ceux qui, loin de se réfugier dans le silence quand l’affaire devient sérieuse, vous accompagneront sans détour, coûte que coûte.

Dans ce jeu politique, rappelez-vous : ceux qui vous encensent aujourd’hui sont souvent les premiers à vous tourner le dos demain. Ne leur laissez pas le pouvoir de décider de votre destinée, à vous de le faire.

Avec tout le respect qui vous est dû,

Un citoyen préoccupé mais lucide

 

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