Depuis 1993, le 3 décembre est consacré par l’Organisation des Nations Unies (ONU) à la Journée internationale des personnes handicapées. Pourtant, à Labé, cette date passe inaperçue. Aucun événement, aucune initiative n’a été organisée pour marquer cette journée, laissant un sentiment d’abandon au sein de la communauté des personnes en situation de handicap.

Un témoignage poignant

Pour comprendre les réalités de ces oubliés du système, nous avons rencontré Mamadou Dioulde Diallo, un habitant de Labé vivant avec un handicap. Avec une voix teintée d’amertume, il confie :

« Oui, effectivement, aujourd’hui marque notre journée, un moment qui aurait dû être célébré avec joie et reconnaissance. Cependant, il est douloureux de constater que les autorités semblent nous avoir laissés de côté, ignorant nos luttes et nos difficultés. Même en ce jour qui nous est dédié, il semble qu’elles n’ont pas de pensées pour nous, et cela nous rend profondément tristes. Nous ressentons une immense souffrance en ce moment, conséquence directe de la situation difficile qui règne dans notre pays. Les défis auxquels nous faisons face sont accablants, et l’indifférence des responsables ne fait qu’aggraver notre sentiment d’abandon et de désespoir », explique-t-il.

Une situation désespérée

La journée mondiale aurait pu être l’occasion de mettre en lumière les besoins pressants de cette population vulnérable. Au lieu de cela, Mamadou Dioulde Diallo raconte que ses enfants, faute de moyens financiers, ne peuvent même pas aller à l’école cette année: « Cette année, mes enfants n’ont pas pu aller à l’école en raison de mes difficultés financières. L’année précédente, ils étaient scolarisés dans une école publique de notre région, mais cette année, je ne peux même pas couvrir le coût des fournitures scolaires, comme les cahiers et les stylos. De plus, les écoles publiques demandent également souvent des contributions financières supplémentaires. Actuellement, je me trouve dans l’impossibilité de leur fournir les moyens nécessaires à leur éducation, car les revenus issus de ma mendicité ne suffisent plus à subvenir à nos besoins », poursuit-il.

Une invisibilité alarmante

L’absence d’action en ce jour symbolique illustre une réalité plus large : à Labé, les personnes handicapées sont souvent invisibles dans les politiques publiques. L’inégalité d’accès aux ressources, à l’éducation et aux opportunités économiques est exacerbée par une indifférence institutionnelle. Cette situation soulève des questions pressantes sur la responsabilité collective envers les plus vulnérables.

Une réflexion nécessaire

La Journée mondiale des personnes handicapées aurait pu servir de tremplin pour sensibiliser et mobiliser. Au lieu de cela, à Labé, elle n’a été qu’une journée de plus dans l’oubli. En écoutant le témoignage de Mamadou Dioulde Diallo, il est clair que des actions concrètes et immédiates sont nécessaires pour répondre aux besoins criants de cette population.

De Labé, Thierno Nouhou Baldé, pour Laguinee.info.