dimanche, avril 20, 2025
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Tchad-France : 66 ans de « coopération » pliés en un communiqué

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Adieu, Paris ! N’Djamena tourne la page d’un partenariat qu’elle juge obsolète.

Le 28 novembre, dans un geste qui semble aussi calculé qu’une partie d’échecs gagnée à l’avance, le gouvernement tchadien a annoncé la fin de l’accord de défense avec la France. Et quel meilleur jour pour larguer un partenaire encombrant que l’anniversaire de sa proclamation républicaine ? C’est presque poétique. Ce divorce militaire, scellé par un communiqué sec signé Abderaman Koulamallah, marque la fin d’un « mariage » de 66 ans.

Une rupture, mais avec préavis

« Après analyse approfondie, le Tchad reprend sa pleine souveraineté, » déclare le gouvernement, dans ce qui sonne presque comme un « ce n’est pas toi, c’est moi ». L’accord, révisé en 2019, ne servait visiblement plus à grand-chose, si ce n’est à maintenir une présence française mal vue dans la région.

Mais attention, N’Djamena joue la carte de l’élégance : le divorce sera « harmonieux », promet-on. Traduction ? Les troupes françaises auront tout juste le temps de faire leurs valises. Avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso qui leur ont déjà montré la sortie, il ne leur reste plus que… Djibouti ?

Opération Barkhane : fin de partie

Avec la résiliation de cet accord, les militaires français en poste au Tchad devront trouver un nouveau point d’ancrage. Paris, autrefois puissance protectrice, découvre la vie d’un locataire indésirable. Après avoir plié bagage au Sahel, voilà que même le Tchad, longtemps présenté comme un « partenaire solide », décide de s’émanciper. Ce n’est plus une série d’expulsions ; c’est une tournée mondiale de départs forcés.

Une souveraineté tardive mais assumée

On pourrait croire que cette décision est une soudaine montée de fierté nationale. Mais non, c’est surtout une tendance régionale. Après des décennies d’une coopération teintée de rapports asymétriques, les anciennes colonies francophones semblent avoir découvert qu’on peut dire « non » à Paris. C’est comme si tout le monde avait lu un même manuel sur « comment récupérer sa dignité en cinq étapes ».

Rien de personnel, c’est juste stratégique

Malgré la rupture, N’Djamena fait preuve de délicatesse dans ses adieux : « Nous maintiendrons des relations constructives dans d’autres domaines, » promet le ministère des Affaires étrangères. Une façon polie de dire que la France reste bonne pour les aides au développement et les bourses d’études, mais que, côté militaire, c’est merci, au revoir.

Et maintenant ?

Pour le Tchad, cette décision est un coup de poker. Sans les forces françaises, le pays devra renforcer sa propre armée ou courtiser de nouveaux alliés. Moscou, Pékin, Ankara… les options ne manquent pas, et le Tchad semble prêt à explorer d’autres horizons. Quant à la France, ce nouvel échec pourrait bien l’obliger à réviser ses manuels de diplomatie africaine.

En tout cas, une chose est sûre : ce 28 novembre, le Tchad a fait plus que célébrer son indépendance. Il a ajouté un chapitre à l’histoire des ruptures politiques les plus mémorables, laissant Paris digérer un nouvel affront dans un Sahel de plus en plus hostile.

 

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