Les électeurs namibiens se sont rendus massivement aux urnes mercredi pour des élections présidentielles et législatives historiques. Mais ce scrutin, marqué par de longues files d’attente et des retards significatifs, a mis en lumière les failles de l’organisation électorale.
Une affluence sans précédent
Dans plusieurs bureaux de vote, les opérations se sont poursuivies bien après la fermeture officielle. À l’université des Sciences et Technologies de Windhoek, le dépouillement a débuté jeudi à l’aube après une nuit blanche. «Dans plusieurs bureaux, on votait encore ce matin», a confirmé Siluka De Wet, porte-parole de la commission électorale, incapable de préciser l’heure exacte de fin des opérations, rapporte TV5Monde.
Ces retards, dus notamment à une pénurie de bulletins et des pannes de tablettes d’identification, ont exaspéré les électeurs. Reagan Cooper, cultivateur de 43 ans, a déploré : «C’est navrant d’attendre des heures pour voir des défaillances comme une pénurie de bulletins. La commission nous a trahis», rapporte notre source.
Une Swapo fragilisée face à l’opposition
Ces élections pourraient marquer un tournant pour la Namibie. Le parti au pouvoir, la Swapo, dirigé par Netumbo Nandi-Ndaitwah, fait face à une érosion de son électorat. En 2019, il avait déjà reculé à 56 % des voix contre 86 % en 2014.
À 72 ans, « NNN », figure historique de la lutte pour l’indépendance, espère mobiliser ses bases tout en affrontant un rival de taille : Panduleni Itula, leader du Parti des Patriotes Indépendants (IPC). Ce dernier a promis un renouveau politique et économique.
Marvyn Pescha, entrepreneur de 50 ans, illustre les doutes des électeurs : «Je n’abandonnerai pas la Swapo, mais certains dirigeants opportunistes ont terni sa réputation», mentionne notre source.
Un pays divisé par les inégalités
Malgré ses richesses minières, la Namibie reste le deuxième pays le plus inégalitaire au monde selon la Banque mondiale. Le chômage massif, particulièrement chez les jeunes (46 % des 18-34 ans en 2018), et les inégalités béantes nourrissent la colère.
«J’espère du changement et des opportunités pour les jeunes», confie Sophia Varela, 24 ans, après avoir voté pour la première fois.
Vers un second tour inédit ?
La prolongation du vote « sans durée spécifiée », décidée par la commission électorale, soulève des interrogations. Selon Henning Melber, chercheur à l’Institut nordique d’Afrique, un second tour est une « option réaliste ».
Alors que la région voit émerger des oppositions fortes comme en Afrique du Sud ou au Botswana , les résultats attendus dans les jours à venir diront si la Swapo peut encore tenir tête à cette vague de contestation.
La Namibie, riche d’espoirs et de frustrations, retient son souffle.
Image : TV5MONDE