À l’occasion des 16 jours d’activisme contre les violences à l’égard des femmes, l’antenne régionale de l’Office de Protection du Genre, de l’Enfance et des Mœurs (OPROGEM) de Kankan, dirigée par le commissaire Salahadine Diallo, a dressé un bilan mitigé mais encourageant de ses efforts pour combattre ce fléau dans la région.
Informer et sensibiliser pour prévenir
La lutte contre les violences basées sur le genre commence par l’information des victimes et la sensibilisation des communautés. « Vous n’êtes pas sans savoir que certaines victimes ignorent qu’elles ont le droit de porter plainte et ne savent pas où le faire. À travers cette journée, nous pouvons les informer, les sensibiliser, et même sensibiliser les potentiels auteurs pour qu’ils renoncent à ces violences. Donc c’est un sentiment de joie et de réconfort », a expliqué le commissaire Diallo.
Selon lui, cet événement est aussi une occasion de mettre en lumière les préoccupations des acteurs engagés dans cette lutte.
Un combat difficile dans un contexte socioculturel complexe
Malgré ces initiatives, les résistances sociales et culturelles compliquent la tâche des autorités. « Nous luttons contre la violence dans un milieu où la majorité des gens sont analphabètes. Beaucoup pensent que frapper une femme ou maltraiter un enfant est un droit ou une manière d’éduquer. Certains vont même jusqu’à croire que c’est la religion qui recommande ces pratiques», a-t-il déploré.
Les plaintes existent, mais elles sont souvent freinées par des interventions extérieures. «Les gens sont réticents. Lorsqu’il s’agit de violences conjugales ou de maltraitance, la pesanteur sociale est forte. Les sages interviennent pour que les dossiers ne soient pas transférés à la justice, alors que ce sont des infractions pénales », a-t-il ajouté.
Des progrès enregistrés dans la région
Malgré ces défis, le commissaire Diallo note une amélioration grâce aux efforts de sensibilisation et aux actions judiciaires menées par son équipe. «Avec ces sensibilisations et le travail acharné que nous faisons pour traduire les auteurs devant le tribunal, on peut dire que, comparativement aux années antérieures, le taux de violence commence à baisser », s’est-il réjoui.
Protéger les enfants, une priorité
Outre les violences envers les femmes, la situation des enfants reste préoccupante. Le commissaire Diallo a souligné l’importance de leur protection et a exhorté les familles à assumer leurs responsabilités. «Je demande à la population de veiller sur les enfants, de faire d’eux leurs amis. Trop souvent, des mamans envoient leurs enfants vendre de l’eau glacée au marché alors qu’ils devraient être à l’école. Cela les expose à des dangers. Si un enfant croise une personne mal intentionnée, il peut être violé. Ces enfants doivent être protégés».
Une mobilisation nécessaire
À travers cette journée, l’OPROGEM de Kankan espère mobiliser davantage les citoyens pour qu’ils prennent conscience de la gravité des violences basées sur le genre. Selon l’ONU, en 2023, au moins 51 100 femmes ont été tuées par leur partenaire ou un membre de leur famille, soit une femme assassinée toutes les dix minutes. Ces chiffres montrent l’urgence de l’action, non seulement à Kankan, mais partout dans le monde.
De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya pour Laguinee.info